Les maîtres de l'incertain

L'histoire de l'humanité est une longue bataille contre l'incertitude, des premiers silex aléatoires générateurs de feu aux combats improbables contre les autres espèces qu'elle a dû affronter au hasard de l'évolution de la vie et de sa diversité. C'est inscrit dans son horloge atomique, l'être humain a toujours voulu maîtriser son futur et c'est ainsi qu'il a inventé l'agriculture pour être certain de récolter son blé plus tard et de pouvoir nourrir ensuite sa famille planifiée, délaissant la chasse aux bisons ou aux frite-omelettes à l'issue incertaine.L'homme a grandi, mûri sur ces bases d'assurance et il est triste de voir qu'aujourd'hui encore, en Algérie ou sur des latitudes similaires, l'incertain règne en maître, réduisant chacun à l'hypothèse. Comme s'inscrire à un programme de logement sans être sûr d'en décrocher un ou être sûr de son bon droit sans être sûr de gagner devant un tribunal, ou encore avoir réservé sa place sans être sûr d'embarquer dans un avion d'Air Algérie. C'est ainsi, on ne peut être sûr du débit ou du fonctionnement d'internet après avoir payé son accès, ou être certain que sa société ne sera pas mise en faillite par une délégation des impôts envoyée par un concurrent jaloux ou des autorités cruelles.Confronté à l'incertitude là où ailleurs, le fortement probable l'emporte régulièrement sur le possible accidentel, l'Algérien(ne) se débat encore pour contrôler les forces de l'invisible, implorant Dieu, le hasard ou les bons présages, nageant dans l'incertitude avec un maillot troué par les coups du sort. Rien n'est certain, pas même de voir sa voix attribuée à celui pour qui on a réellement voté. Ce qui est certain par contre, c'est que le président Bouteflika sera encore président et que son frère règnera encore quelques années par les joies et lois de la génétique. Ce qui est certain aussi, c'est que l'Algérie survivra à tous ces régimes.