Algérie

Les lycéens reviennent à la charge


Après une accalmie précaire qui n'aura duré qu'une seule journée, la protestation des lycéens a repris de plus belle, hier, à Oran. Alors que l'on pensait que la grogne s'était éteinte vu qu'aucune action de manifestation n'ait été enregistrée, lundi, et que tous les indicateurs allaient dans le sens d'un retour général en classe, voilà que les lycéens d'Oran redescendent dans la rue. Les policiers chargés de contenir le défilé des lycéens ont eu une journée particulièrement chaude, hier. Et certains éléments des forces de l'ordre se sont servis de matraques pour disperser les groupes de jeunes lycéens. L'on a pu assister, hier matin, à des scènes où des rassemblements de lycéens ont été dispersés à coups de pied et de bâtons. Cela est survenu au moins dans deux lieux: à hauteur de l'Académie et près du lycée Pasteur.  Aux abords immédiats de cet établissement, mitoyen au Consulat général de France, un sit-in assez conséquent a été improvisé par les élèves de ce lycée auxquels des centaines de camarades des lycées El-Hayat (Les Plateaux) et Mustapha Haddam (Les Castors) se joindront plus tard. Les policiers en faction sur le périmètre de sécurité du Consulat français seront vite renforcés par des dizaines de collègues. Les forces de sécurité sont intervenues à plusieurs reprises pour déloger le rassemblement qui s'est formé près du portail du lycée. Expulsés de ce lieu, les manifestants ont investi l'espace vert dit «Square de la Victoire», situé en face de l'Hôtel des finances.  Un autre rassemblement important s'est formé près de la direction de l'Education. Là aussi, les policiers n'ont pas eu une situation de tout repos. La contestation des programmes surchargés par boycottage des cours s'est propagée, hier, à plusieurs lycées qui étaient restés, jusque-là, «à l'écart» de l'évènement, selon les échos émanant de plusieurs daïras (Aïn El-Turck, Bir El-Djir, Oued Tlélat, Arzew et Béthioua, entre autres).  A Constantine, l'onde de choc du mouvement de protestation des lycées résonne encore dans toute la ville. Et même si les scènes de vagues incessantes d'élèves arpentant le macadam se sont estompées, l'atmosphère reste pesante du côté des différents établissements du secondaire avec une présence sur place renforcée d'agents de l'ordre. C'est donc, sous haute surveillance que la reprise timide et graduelle des cours se fait au niveau de la plupart des lycées, après huit jours d'une grève menée plutôt en rangs dispersés sur le «Vieux rocher», et qui a valu à de nombreux élèves d'être interpellés par les forces de l'ordre, au moment fort de la protesta.  Du côté des lycées, hier, le sentiment largement partagé par les élèves interrogés sur le sujet, est que les déclarations de Benbouzid, ministre de l'Education nationale, ne répondent pas vraiment aux revendications qu'ils ont portées et exprimées, augurant de ce fait d'une autre épreuve de force annoncée. Sur ce registre, l'instruction donnée par la tutelle, aux directeurs d'établissements, d'enregistrer sur les listes des absences les élèves récalcitrants à l'appel de la reprise des cours, ordonnée par Benbouzid, semble être appelée à creuser davantage le fossé, si l'on en croit les réactions des lycéens. Y a-t-il une vie scolaire normale après la grève? Rien n'est moins sûr, affirment en choeur, les enseignants et leurs élèves de certains lycées parmi les plus réputés de la ville... lesquels «d'une protesta à l'autre, sont en rupture de ban, disent-ils, même si pour l'heure, c'est chacun son tour!»  A Tlemcen et pour la 2e journée consécutive, les lycéens des classes de Terminales ont battu le pavé, organisant des marches encadrées par un important cordon sécuritaire de leurs établissements pour converger au lycée Docteur Benzerdjeb.  Certains grévistes rencontrés près des lycées avancent qu'ils sont seuls face à des programmes qui semblent ne point vouloir finir. Ils ont fait tout leur calcul et rien ne montre qu'ils en auront achevé avec les deux tiers du programme avant le fatidique mois de juin. «Les cours de soutien et de rattrapage ne sont pas une solution dans la mesure où ils surchargent encore plus notre emploi du temps hebdomadaire. Que nous reste-t-il pour récupérer? Nous ne sommes pas des marathoniens!»  Mais même, s'ils désertent les lycées, une chose est sûre, ils ne ratent pas leurs cours du soir.  Jamais la ville de Ténès n'a connu une effervescence semblable à celle enregistrée au cours de la matinée d'hier mardi, où plus de 400 lycéens et lycéennes ont entrepris, dès 8h, une marche à travers les rues, scandant des slogans hostiles au ministre de l'Enseignement M. Benbouzid. Les élèves des 3 lycées et une annexe particulièrement, ceux de la Terminale que compte la ville de Ténès ont tenu, ainsi, à manifester leur solidarité au mouvement de protestation enregistré à travers le pays. Ainsi, ces lycéens et lycéennes, à l'instar de leurs camarades des autres lycées, remettent en cause l'actuel programme qu'ils jugent surchargé. Certains élèves nous ont fait part du volume horaire important auquel ils sont astreints, pour, nous diront-ils, permettre aux enseignants de terminer le programme avant la date d'examen du bac. Aux environs de midi, la foule de lycéens s'est dispersée dans le calme non sans avoir promis de descendre dans la rue si aucune suite ne sera donnée à leur revendication.  Par ailleurs, il faut dire que cette marche qui a eu lieu sans incident était encadrée par un service d'ordre.


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