Algérie

Les lycéens de Tizi Ouzou maintiennent la pression



Tour à tour, les lycéens des différentes régions de la wilaya ont investi la rue pour dénoncer l'ostracisme dont font l'objet la culture et la langue amazighes.La ville de Tizi Ouzou, chef-lieu de wilaya, a connu, jeudi matin, un mouvement de protestation émanant des lycéens de la daïra de Tizi Rached qui ont parcouru, faut-il le souligner, une vingtaine de kilomètres à pied pour rallier à partir de leur localité la capitale du Djurdjura et porter ainsi très haut leur revendication légitime qui tend à dénoncer, depuis quelques jours déjà, le rejet par la commission de finances de l'APN d'un article de loi portant sur "la promotion de la langue amazighe et sa généralisation dans toutes les écoles de la République".
La marche s'est ébranlée par un matin glacial, vers 8 h30, depuis le chef-lieu de daira de Tizi Rached où les lycéens avaient décidé de se lancer dans un long périple pédestre qui devait les conduire jusqu'au siège de la direction de l'éducation de Tizi Ouzou, distante d'une bonne vingtaine de kilomètres, où une délégation a été reçue par le directeur de l'éducation de la wilaya. Les représentants des élèves protestataires diront que "nous portons une revendication également réclamée par nos parents, celle du droit à la promotion de notre lange, tamazight, dont le combat continue. Nous venons d'effectuer un long parcours à pied pour exprimer notre détermination à aller jusqu'au bout de nos revendications légitimes". C'est la même situation dans la daïra de Mekla où les lycéens de la région ont investi la rue dès les premières heures de la matinée de jeudi, puis la manifestation s'est déroulée pacifiquement alors que les lycéens en colère se sont dispersés dans le calme devant un cordon de sécurité plutôt discret. Réagissant à ce mouvement de protestation, les enseignants du département de tamazight de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou ont rendu public un communiqué à travers lequel ils dénoncent "avec rigueur le rejet, par la commission des finances de la Chambre basse du Parlement, d'une proposition d'amendement du projet de loi de finances pour l'année 2018 déposée par un député d'un parti. Les députés ont rejeté l'amendement d'un texte de loi sur la promotion de la langue amazighe et son caractère obligatoire dans le système éducatif. Ce vote contredit le statut de langue nationale et officielle accordé à la langue amazighe". À cet effet, ces enseignants-chercheurs revendiquent "la généralisation effective de l'enseignement de la langue tamazight sur tout le territoire national avec un alphabet officiel en caractères latins qui doit être reconnu par les plus hautes instances de l'Etat, et ce, du cycle préscolaire jusqu'à la dernière année de l'enseignement secondaire. Sa généralisation dans le milieu universitaire se fera progressivement afin d'atteindre plusieurs filières, notamment les sciences humaines et sociales". Par ailleurs, ces derniers recommandent d'intégrer cette langue comme un module d'appoint dans toutes les autres filières et spécialités enseignées dans toutes les universités algériennes. "Dans la situation actuelle et afin d'éviter tout dérapage, nous appelons toute la communauté universitaire à plus de sérénité et de sagesse", lit-on enfin dans le même communiqué.
K. Tighilt


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