Algérie

Les luttes du peuple sahraoui



Un congrès, c’est d’abord un bilan avant que ne soient envisagées des conclusions et des perspectives dans l’action. C’est ce à quoi s’attelle le Front Polisario mis devant l’obligation de chercher des solutions à la situation de blocage qui caractérise la question du Sahara occidental. D’ailleurs, la commission de décolonisation des Nations unies, qui fait preuve de constance dans son appréciation de ce conflit, est d’un précieux appui. Elle réitère son soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Sauf que le processus mis en œuvre en 1991, avec l’approbation des deux parties au conflit, n’a jamais été au-delà du cessez-le-feu en vigueur depuis septembre de cette année. On ne compte plus depuis cette période les tentatives de relance du plan de paix de l’ONU. La précision est extrêmement importante, car elle engage l’ensemble de ses membres. Ce qui n’a pas été toujours le cas, comme le prouve justement la non-application de ce même plan. Depuis 1997, l’ONU a dépêché de nombreux émissaires avec la mission de remettre sur les rails le processus de paix, et cela sans jamais revenir sur ses engagements envers le peuple sahraoui, malgré les pressions pour une soi-disant solution politique, ou encore cette fameuse troisième voie comme s’il pouvait en exister, alors que le plan de paix permet le choix entre l’indépendance et l’intégration au Maroc. Cela fait donc vingt années que les armes se sont tues, sans que se profile la perspective d’application des autres clauses de l’accord de paix pourtant acceptées par l’occupant marocain. Ce sont aussi vingt années durant lesquelles les Sahraouis ont démontré leur attachement à leurs revendications. Même les Marocains ont constaté leur incapacité à faire de ces derniers de bons sujets. Un tel constat a été fait dès 1999 avec le limogeage de l’ancien ministre de l’Intérieur, Driss Basri, en charge du dossier sahraoui. L’été 2009 a été pour eux particulièrement chaud, avec l’émergence d’une femme qui a porté bien haut la revendication d’indépendance. Le nom d’Aminatou Haidar a alors fait le tour de la planète, amenant de nombreuses capitales à faire pression sur le Maroc pour mettre fin à son exil. Même l’exil doré que certains pays lui avaient offert. Pour certaines d’entre elles, il s’agissait d’étouffer cette affaire, mais il était trop tard. Aminatou Haidar devenait, si elle ne l’était déjà, la représentante d’un peuple en lutte pour ses droits. Pour la direction sahraouie qui ne cache pas sa fierté, l’impact est important. Même si cette forme de combat a toujours existé, Aminatou Haidar l’a porté sur la scène mondiale, et lui a procuré de très nombreux soutiens. La jeune femme et d’autres Sahraouis des territoires occupés venaient non seulement de faire la jonction avec ceux qui vivent dans les camps de réfugiés auxquels ils rendaient visite malgré les risques auxquels ils s’exposaient, mais d’inaugurer d’autres formes de lutte, non violentes, mais terriblement efficaces. Et il en a été beaucoup question durant le treizième congrès du Front Polisario dans son volet «soutien à l’Intifadha», en préconisant «la dynamisation» de l’organisation politique sahraouie dans les territoires occupés qui est déjà bien réelle malgré les affirmations de Rabat, prétendant le contraire, ou encore à dire de certaines manifestations d’opposition qu’elles ont un caractère social. Une incroyable erreur. Et celle-ci est d’autant plus grande que le mur du silence, et donc de complicité avec l’occupant marocain, tend à s’effriter avec la montée de la société civile, et aussi de la crise un élément non négligeable en obligeant à des reconsidérations parfois stratégiques.


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