Algérie

Les limites de La Haye



Les limites de La Haye
Omar El-Bachir, on l'aurait presque oublié, le président soudanais hors-la-loi, selon la définition toute occidentale de la justice internationale, s'il ne s'est pas fait rappeler au souvenir du monde en se rendant au sommet de l'Union africaine qui s'est tenu en Afrique du Sud alors qu'il est toujours sous le coup d'un mandat de recherche émis par la Cour pénale internationale. Accusé de génocide, Omar El-Bachir a quitté, hier, Johannesburg malgré l'interdiction de sortie du territoire prononcée par la justice sud-africaine.Cet épisode judiciaire, selon le prisme de lecture intéressé de la presse mondiale, renseigne sur le peu de crédit accordé à l'institution de La Haye en dehors de sa Cour. Détail de l'histoire, le président soudanais s'est envolé en direction de Khartoum, passant outre la demande d'arrestation envoyée par la CPI à l'Afrique du Sud. Une pression internationale a été exercée sur le pays hôte pour arrêter Omar El-Bachir et le remettre à La Haye pour être jugé pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide en relation avec le Darfour, un conflit qui a fait plus de 300.000 morts selon les statistiques onusiennes.Pour les analystes, l'absence d'une volonté politique commune à toute l'Afrique de voir l'un des leurs traduit devant la CPI a fortement influé sur la décision de Pretoria, même si elle est signataire du traité de Rome et membre de la Cour internationale, de ne pas arrêter et livrer le fugitif soudanais. Le fait que ce dernier soit toujours en liberté est pour ces analystes la meilleure preuve de l'inefficacité de la Cour, mais aussi de l'ONU, qui dépend entièrement des gouvernements pour mettre à exécution ces mandats d'arrêt. Pour le cas soudanais, le travail des enquêteurs de la CPI qui s'est fait pratiquement par procuration, ne pouvant se rendre au Darfour, peut ne pas peser lourd même si Omar El-Bachir est traduit un jour devant elle.L'exemple du président kényan Uhuru Kenyatta est aussi édifiant puisque la Cour était obligée d'abandonner les charges retenues contre lui témoignant de la toute-puissance des Etats souverains. Pourtant, cette Cour accusée de faire dans les deux poids, deux mesures par des pays du tiers-monde continue de susciter l'ire des partisans palestiniens quand La Haye, se basant sur des raisons procédurales, refuse de trancher dans le vif concernant le cas des agressions israéliennes sur Ghaza. Un grief qui enlève beaucoup de crédit à la Cour censée mettre tous les gouvernements sur le même pied d'égalité devant la justice internationale.




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