Algérie

Les limites d'une mesure



Des mesures pas «innocentes», l'avant-projet de loi de finances 2020 adopté mercredi dernier en Conseil du gouvernement en a réservé quelques-unes. Pas innocentes dans le sens où elles suintent le populisme malgré l'argumentaire mis en avant par les autorités du pays, notamment pour le cas de la disposition qui réinstaure l'autorisation d'importation de véhicules de moins de trois ans.Une disposition qui, depuis quatre mois qu'elle a été dévoilée par le ministre du Commerce, a suscité un débat en long et en large, et même en travers, tant c'est le genre de disposition qui ne finira pas de faire parler même après son adoption et son entrée en application, au regard des conséquences qu'elle pourrait induire. C'est en effet une largesse de la part des pouvoirs publics dont les incidences pourraient courir bien au-delà de la «durée de vie» de cette disposition parce que, en attendant qu'elle soit entérinée, on sait d'ores et déjà que l'une des conséquences presque immédiates qu'elle aura fait froid dans le dos des spécialistes des questions monétaires et financières qui, sans cela déjà, craignent depuis un moment pour l'état de la monnaie nationale.
sLa mesure par laquelle il sera désormais permis d'acquérir des véhicules de moins de trois ans fera, inévitablement, que les Algériens résidents intéressés par l'acquisition d'un véhicule de ce genre se tourneront vers le marché parallèle des devises et, indubitablement, cela induira une flambée des cours parallèles de ces monnaies du fait de la remontée de leur demande, alors qu'en même temps, le dinar, déjà mal en point, aura tout à craindre pour ce qui reste de sa valeur.
Un risque pas des moindres donc pour un pays qui, malgré tout, ne semble pas vouloir assimiler toutes les leçons de l'échec de sa stratégie destinée à le doter d'une industrie automobile.
L'échec d'une stratégie qui, selon l'orientation voulue du débat, s'articule dans une large mesure autour des prix pratiqués sur les véhicules montés en Algérie pour légitimer le retour à l'autorisation d'importation de véhicules usagés. Argument battu en brèche par plus d'un spécialiste qui arguent, au regard des prix des véhicules d'occasion en Europe, notamment de la rive nord de la Méditerranée, qu'il ne faudrait pas s'attendre à voir les Algériens décidés à se payer une voiture de moins de trois ans réussir l'affaire de leur vie.
En effet, avec des calculs tout simples à l'appui, comme le démontrait une petite démonstration sur ces mêmes colonnes il y a plus de trois mois, il s'avère que, en tout premier lieu, les prix des véhicules de 3 ans d'âge demeurent relativement élevés en Europe, pas moins de 7 à 8 000 euros pour un véhicule de petite cylindrée avec un kilométrage moyen.
Secundo, le taux de change de la devise sur le marché parallèle qui recommence à monter depuis quelques semaines pourrait, sans aucun doute, atteindre des taux à donner le vertige. Tertio, les dispositions annoncées et obligeant les citoyens à passer par une banque locale pour le versement du montant de la transaction ajoutent plus de confusion et de complications bureaucratiques, sachant les difficultés déjà enregistrées au niveau de ces établissements pour une simple opération en lien avec une monnaie étrangère. Et puis, il y a ces restrictions de plus en plus sévères dans la délivrance des visas pour les Algériens.
Au final et en incluant les frais de voyage, d'assurance, de fret et de dédouanement, le prix du véhicule serait équivalent, voire supérieur au même modèle neuf assemblé localement, soit autour de 2 350 000 DA, concluait le spécialiste attitré du Soir d'Algérie des questions de l'automobile. Et puis, c'est un choix ? le retour de l'autorisation d'importation des véhicules usagés ? qui pourrait également avoir des répercussions sur la qualité du parc automobile algérien parce qu'il est acquis que dans les lots de véhicules qui auront le droit de circuler sur le territoire national, un certain nombre de ces voitures, grâce à des subterfuges techniques dont les maquilleurs d'autos en tous genres ont le secret, auront bien plus que les trois ans d'âge permis par la future loi que certains remettent en cause également du fait que les initiateurs de cette disposition n'ont pas eu l'idée par exemple de permettre plutôt aux concessionnaires déjà en place d'importer ces véhicules de moins de trois ans chacun du constructeur dont il défend la marque. Quoi qu'il en soit, il est acquis que l'autorisation d'importation de véhicules de moins de trois ans fera parler même bien après son adoption en raison des conséquences que cela pourrait avoir sur plusieurs plans.
Azedine Maktour


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