Algérie

Les lignes ont bougé



Les lignes ont bougé
Opportunité n C'est là en général (et dans les soirées de mariage) que les futures belles mamans font la chasse au bon parti pour leur fils, aux jeunes filles à marier.Les choses bien sûr ont énormément changé depuis, même si le bain reste une institution sacra-lisée pour la mise en forme et les vertus curatives qu'on y trouve. Aujourd'hui, les choses se passent autrement. Le service du «moutchos» par exemple est tarifié et sa prestation est payée selon qu'elle est effectuée dans la salle chaude ou dans la salle commune.Le cabas des vêtements de rechange n'est plus laissé à la seule garde du gérant, il est déposé en consigne comme à la gare avec un ticket et un numéro et bien entendu le prix du service. Mais l'institution n'a pas perdu pour l'instant sa force conviviale. Elle reste un espace d'échange et de dialogue, surtout pour les femmes. C'est là en général (et dans les soirées de mariage) que les futures belles mamans font la chasse au bon parti pour leur fils, aux jeunes filles à marier. C'est là aussi que les nouvelles matrimoniales des uns et des autres sont échangées au besoin actualisées. C'est là enfin que se nouent souvent de nouvelles amitiés entre les familles. Bref le carnet d'adresses des uns et des autres s'enrichit. Mais il est une tradition que l'usage a complètement oubliée comme si elle n'avait jamais existé : la purification du bain. Le terme paraît brutal, barbare et un peu éculé, mais le rituel avait un sens, du moins pour l'époque. On considérait en ce temps-là que le bain, de par la force de sa chaleur abritait des êtres maléfiques sortis droit des antres de l'enfer, selon la rumeur.C'est pourquoi, avant que les portes ne s'ouvrent au public, le plus doué des «moutchos», en général leur doyen, entre dans la salle chaude, torse nu et un plateau d'alfa entre les mains.Et au beau milieu de ce plateau, sur du papier kraft brûlait un morceau d'encens ou de benjoin. Et le nuage fleuri dégagé par le plateau envahissait en quelques minutes toute la salle.Il est censé éloigner les mauvais djinns, du moins les plus féroces. L'opération paraît anecdotique, insignifiante et d'un autre âge. Et pourtant, l'auteur de ce dossier sur les bains qui n'avait à l'époque que neuf ans a été le témoin oculaire d'un spectacle incroyable. Un jour que sa maman s'apprêtait à le sécher, il s'échappa de ses bras pour aller voir ce qui se passait dans la petite salle appelée «bit el araïs» et de laquelle de nombreuses femmes s'échappaient en hurlant de toutes leurs forces. Et ce qu'il vit le glaça?: un taureau plus noir que nature et dont on ne distinguait que le museau et dont on n'entendait que les mugissements saccadés.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)