Algérie

Les libertés sous surveillance



De nombreux acteurs de la société civile sont unanimes à relever que les lois adoptées par l'Algérie depuis 2012, dans la foulée des réformes annoncées suite à ce qui est communément appelé le "Printemps arabe", sont "liberticides". Aux contraintes juridiques s'ajoute le non-respect des textes de loi par les autorités qui, souvent, excellent dans "la confusion législative", pour reprendre une formule de Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste, dont la récente grève a ébranlé le gouvernement. "Depuis 2012, il y a un arsenal de lois élaboré pour empêcher la société d'imposer le respect des droits", constatait, hier à Alger, l'avocat Me Nouredine Ahmine, lors d'une conférence organisée par l'association Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), à l'occasion du 25e anniversaire de la naissance de l'association. "On ne peut se réunir, les grèves sont empêchées. Aucun droit ni aucune liberté ne sont respectés", dit-il dans une conférence qui a eu pour thème "Les droits humains en Algérie, entre réalité et textes". Rappelant quel'Algérie a ratifié tous les pactes internationaux relatifs aux droits de l'Homme, Me Ahmine soutient que "pour le pouvoir, il s'agit de se construire une façade pour l'extérieur, à travers les textes, mais à l'intérieur, on est loin du respect des libertés". Pour sa part, Mme Fatma Boufenik, maître de conférences à l'université Oran II, militante féministe, fondatrice de l'association Fard, dont les locaux ont été récemment mis sous scellés, "l'Algérie se trouve aujourd'hui dans une crise structurelle, sociale, politique profonde qui se matérialise par une fuite en avant des décideurs". Porte-parole du Cnapeste, Messaoud Boudiba a relevé, de son côté, que les syndicats se sont surpris, au fil des ans, à "lutter pour l'application des lois car elles sont violées par les dirigeants". Evoquant la difficulté pour créer des syndicats dans un "climat de méfiance" et "de confusion législative", il plaide pour un front "interne pour défendre les droits". Quant à Malika Remaoun, vice-présidente de l'Afepec, association également visée récemment par la mise sous scellés de son local, elle a plaidé pour l'égalité entre l'homme et la femme : "Que cette égalité soit une norme juridique conformément au droit positif international et en dehors de toute référence religieuse. Et que les lois inégalitaires soient bannies."
Karim Kebir


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