Algérie

Les Libanais dénoncent la léthargie des dirigeants



Dans ce contexte, les Libanais continuent d'investir la rue pour dénoncer une classe dirigeante coutumière des tractations au long cours et qui semble déconnectée de la réalité.Au Liban, le différend entre le Premier ministre désigné Saad Hariri et le président Michel Aoun se poursuit au sujet de la formation du gouvernement. À la veille d'une rencontre entre les deux hommes sur laquelle se fondent beaucoup d'espoirs, chacune des parties campe sur ses positions et attend des concessions de la part de l'autre. Le camp présidentiel insiste pour obtenir le tiers de blocage et la formation d'un cabinet technico-politique au sein duquel seraient représentées toutes les forces politiques. Ce que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait préconisé aussi. Mais le Premier ministre désigné, qui refuse cette option, plaide pour l'initiative française qui consiste en la mise en place d'un cabinet restreint de 18 ministres, spécialistes et non affiliés aux protagonistes politiques, au sein duquel aucun camp ne détiendrait le tiers de blocage. Dans ce contexte, les Libanais continuent d'investir la rue pour dénoncer une classe dirigeante coutumière des tractations au long cours et qui semble déconnectée de la réalité.
Des femmes et mères de famille ont manifesté samedi à la même heure à Beyrouth, Tripoli et dans plusieurs autres régions, à l'occasion de la fête des mères célébrée le 21 mars, pour crier leur désarroi et leur colère contre la classe dirigeante dans un pays en pleine crise économique et politique.
Les manifestantes qui hissaient des drapeaux libanais scandaient "Dégagez !" en reprenant les slogans traditionnels de la Thaoura, le soulèvement du 17 octobre 2019. Certaines femmes tapaient sur des casseroles, un moyen de protestation qui avait été employé au début du soulèvement. "Femmes des dirigeants criminels, où êtes-vous de ce qui est arrivé à nos enfants '" "Pas de mères heureuses quand leurs enfants sont tués, ont faim, sont en train d'émigrer ou sont arrêtés" et "Vous avez volé notre argent et l'avenir de nos enfants", proclamaient les pancartes brandies par des femmes.
Les mères protestataires qui ont perdu leurs enfants dans l'explosion du port ou en raison de l'émigration ont dénoncé les dirigeants actuels, dont plusieurs étaient déjà à la tête de milices armées durant le conflit libanais. "Ce sont tous des criminels de guerre, des seigneurs de guerre (...) Cela fait trente ans qu'ils se partagent le gâteau (...) et ils ont fini par nous faire exploser et nous voler notre argent. Nous voulons qu'ils partent !", a lancé une manifestante, en jugeant qu'"aucune solution n'est possible tant qu'ils sont au pouvoir". Le Liban est depuis l'automne 2019 en proie à une crise financière inédite, ayant poussé les banques à imposer des restrictions draconiennes aux déposants. La monnaie nationale a perdu près de 90% de sa valeur sur le marché noir, tandis que des dizaines de milliers d'emplois se sont évaporés. Selon l'ONU, 55% des plus de quatre millions de Libanais vivent sous le seuil de pauvreté. Face à l'urgence, les injonctions de la communauté internationale et la pression locale n'ont pas suffi à sortir de sa torpeur une classe politique coutumière des tractations au long cours et qui semble déconnectée de la réalité. C'est que sept mois après la démission du gouvernement actuel, qui gère les affaires courantes, aucun autre nouveau gouvernement n'a depuis été formé. D'ailleurs, les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont mis en garde contre "une crise profonde" dans ce pays au cas où les dirigeants ne parviendraient pas à former un nouveau gouvernement.
Amar R.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)