Premier pays à s'engouffrer dans le wagon du Printemps arabe, la Tunisie n'est pas prête à rééditer le scénario égyptien et demeure loin de celui en cours en Libye.Les Tunisiens sont appelés, aujourd'hui, dimanche, aux urnes pour élire leurs députés, dans la seconde consultation électorale post-Ben Ali. Une élection devant clore le chapitre de la transition engagée au lendemain de la révolution du Jasmin, menée par le mouvement Ennahda, qui avait su tirer profit de la situation devant l'éparpillement des forces démocratiques.Prévues pour 2011, juste après l'adoption d'une Constituante, les élections législatives ont été retardées, en raison des divergences au sein de la classe politique naissante, mais aussi la résurgence de la vieille garde qui s'est présentée comme garant pouvant freiner l'avancée du mouvement Ennahda de la stabilité du pays.Les élections législatives, qui seront suivies de la présidentielle en novembre, posent toutefois deux défis majeurs : le premier est d'ordre sécuritaire. Les Tunisiens, qui ont découvert le terrorisme, même si cela demeure très marginal, craignent qu'une échéance aussi importante ne soit exploitée par les groupes terroristes pour faire des coups d'éclats. La neutralisation, vendredi, de six personnes accusées de terrorisme laisse planer la menace terroriste sur cette élection.Quatre ans après la révolte du peuple tunisien qui a ouvert la voie à d'autres pays arabes, les acquis de la révolution et les rêves nourris par les révoltés et tous ces tribuns qui tenaient meetings sur l'avenue Bourguiba se sont évaporés, laissant place au doute, voire à l'indifférence. Le mouvement Ennahda a été mis à rude épreuve et sa gestion du gouvernement tant décriée qu'il a été contraint, histoire de ne pas tout perdre, de lâcher du lest, en optant pour un gouvernement "apolitique". Mais la situation économique ne s'est guère améliorée, donnant raison à une bonne partie des Tunisiens qui ne voient aucune utilité dans ces élections. D'ailleurs, 45% des Tunisiens ne se sont pas inscrits sur les listes électorales. Et beaucoup de ceux qui ont voté pour Ennahda sont très déçus, pas seulement de ce mouvement, mais de la politique, tout court.Il n'empêche que les élections législatives, comme la présidentielle, et contrairement au désintérêt de la population, ont connu une incroyable inflation de candidatures. Ce dispersement des candidatures pourrait, encore une fois, bénéficier au mouvement Ennahda, qui reste la seule force politique organisée et disciplinée dans le pays.Même si le mouvement de Rached Ghannouchi craint le vote-sanction par rapport à sa gestion de la période de transition, il reste toutefois confiant quant à ses chances, en raison, surtout, de la faiblesse de ses adversaires qui ne disposent pas d'ancrage dans la société.Le seul véritable concurrent au mouvement Ennahda reste Nidaa Tounes, conduit par le vieux routier, Béji Caïd Essebsi. Mais tout porte à croire, selon les analystes, que ces deux formations finiront par trouver un terrain d'entente en vue de diriger ensemble le pays post-transition. Le mouvement Ennahda, échaudé par les critiques dont il a fait l'objet pour sa gestion antérieure du gouvernement, semble pencher pour un gouvernement collégial où il ne porterait pas seul la responsabilité, tout en s'assurant, bien évidemment, le contrôle de la majorité au Parlement.Mais, il ne faut pas insulter l'intelligence et la conscience du peuple tunisien, qui pourrait opter pour un vote-sanction contre les islamistes d'Ennahda et contre les benalistes, et opter pour la troisième voie, celle des autres partis éparpillés çà et là, donnant lieu à une mosaïque au Parlement, où aucun parti ne détiendrait la majorité. Un scénario à ne pas écarter, mais qui risquerait de compliquer la situation en Tunisie, au moment où ce pays a, justement, besoin de stabilité sur les plans économique et politique, mais aussi sur le plan sécuritaire.Premier pays à s'engouffrer dans le wagon du Printemps arabe, la Tunisie n'est pas prête à rééditer le scénario égyptien et demeure loin de celui en cours en Libye.A. B.
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Posté Le : 26/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Azzeddine Bensouiah
Source : www.liberte-algerie.com