Algérie

Les leçons d'une crise



L'Algérie a vécu un été dramatique. La troisième vague de la Covid-19 est un épisode horrible qu'a traversé le pays. Entre pénuries d'oxygène médical et saturation des établissements sanitaires, notre système de santé a failli craquer! La solidarité légendaire du peuple algérien a permis de sauver les meubles, comblant les carences léguées par l'ancien gouvernement. Le manque d'anticipation et de prévision de l'ex-Exécutif été mis à l'indexe. Après que le pire a été évité, des voix se sont levées pour demander que le bilan de ce désastre soit fait. Aïmene Benabderrahmane et son équipe semblent avoir retenu les leçons de ce triste épisode. Le dernier Conseil des ministres tenu, dimanche dernier, a vu des décisions importantes prises dans ce sens. À l'image de ce qui a été décidé en ce qui concerne l'épineux problème de l'oxygène. Un plan d'urgence a été adopté afin d'augmenter «très vite» la production de ce produit vital. Des investissements ont été consentis dans ce sens. La production journalière est passée de 360 000 litres à 470 000 en quelques jours. Mais le président de la République a demandé qu'elle soit doublée à moyen terme. Il table sur 800 000 litres/jour au premier semestre de l'année prochaine. Une décision forte, mais qui, à elle seule, ne va pas complètement solutionner le problème. Car, comme l'avait révélé le ministre de l'Industrie pharmaceutique, Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmed, le souci ne réside pas seulement dans la production. La logistique, notamment le transport, fait défaut. Un grand «souk» qui ne risque pas de s'améliorer avec l'augmentation du niveau de production. Bien au contraire, cela risque de poser de nouveaux problèmes qui ne feront qu'empirer une situation déjà très difficile. C'est dans ce sens que le chef de l'Etat a décidé de confier cette «périlleuse mission» à une entreprise nationale qui a les coudées franches. Il s'agit de la Sonatrach et ses grandes ressources financières et humaines. Le géant pétrolier a été chargé, immédiatement, d'acquérir des camions de transport d'oxygène en prévision de cette augmentation de la production. Le président Tebboune veut que tout soit prêt le jour J afin d'éviter de retomber dans les mêmes travers, surtout qu'une quatrième vague du coronavirus, plus dévastatrice que les trois premières, n'est pas exclue. «Gouverner, c'est prévoir»! La leçon semble donc bien être retenue. D'ailleurs, le premier magistrat du pays a décidé de s'attaquer à une autre carence que la crise sanitaire actuelle a dévoilée, en l'occurrence le marché du médicament. Abdelmadjid Tebboune a ordonné à ce que le grand ménage soit fait. Ainsi, il a exigé à ce que son organisation soit classée comme une priorité absolue par tout l'Exécutif.«Vous devez accorder la priorité absolue à l'organisation du marché du médicament, son contrôle et le respect des normes de qualité dans la production, y compris pour ce qui est des compléments alimentaires», a-t-il lancé lors du dernier Conseil des ministres. L'objectif étant de mettre fin au «diktat» de certains opérateurs, devenus spéculateurs. Ils jouent selon le gré de leurs humeurs avec les prix et la disponibilité des produits. Les pénuries «chroniques» de certains médicaments, pourtant produits en quantité suffisante, sont la meilleure preuve. Mais ces «charognards» ont dépassé les lignes rouges en faisant un «sale business» avec les appareils d'oxygénothérapie alors que leurs concitoyens mouraient par faute d'oxygène. Chose que ni les Algériens et encore moins le président de la République ne leur pardonneront. Il a donc décidé de laisser passer la tempête avant de sévir avec force. Il compte faire une «purge» pour assainir un secteur vital. La guerre est déclarée comme celle contre la bureaucratie et ses relais à travers l'administration. Tebboune, qui n'a jamais caché son animosité par rapport à ce phénomène qui empoisonne la vie des citoyens, a décidé de passer à une seconde étape. Il a ordonné le dégel, sans délais, des projets «pas encore engagés pour des raisons purement bureaucratiques». Une exigence qui fait ressortir la grande colère du président. Car, cette bureaucratie a fait que des infrastructures importantes n'ont pas vu le jour à cause de ces blocages administratifs. À l'instar des hôpitaux spécialisés pour les grands brûlés. Avec la tragédie des feux de forêt que vient de vivre le pays, le besoin s'est fait plus que jamais ressentir. Chose que le président ne tolérera plus jamais...


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