Algérie

Les Kurdes syriens à l'épreuve du cynisme occidental


A nouveau, il y a accusation d'utilisation en Syrie de gaz toxiques contre la population civile. Ce n'est pas le régime syrien qu'elle met en cause cette fois mais l'armée turque qui mène son opération militaire dans l'enclave d'Afrin où lui font face les combattants des milices kurdes YPG. L'un des porte-paroles de ces milices a en effet affirmé à des médias que lors d'une attaque opérée par l'armée turque le 16 avril il a été fait usage de gaz toxiques. Ce que semblent confirmer les symptômes présentés par les victimes traitées et constatés par les équipes médicales les ayant prises en charge.Etrangement l'accusation ne donne lieu à aucune réaction d'indignation comme entraînent celles qui ont le régime syrien pour cible. Les miliciens kurdes qui l'ont lancée seraient-ils moins crédibles que les « rebelles » syriens qui sont les sources de référence des Occidentaux s'agissant de l'utilisation de gaz toxiques ' Les Américains et les Français si prompts à réagir et taper sur la table à la moindre suspicion d'un usage de la sorte par les forces armées du régime font preuve d'une précaution en l'occurrence qui en dit long sur le cynisme de leur comportement dans le conflit syrien. Et c'est bien leur cynisme dont ils sont eux aussi les victimes que les Kurdes syriens ont mis à nu en accusant l'armée turque d'avoir utilisé l'arme chimique contre la population civile du village d'Arand dans l'enclave d'Afrin.
Ni Washington ni Paris n'ont été en effet instantanément émues et indignées et vont probablement seulement annoncer qu'elles attendront pour réagir avoir confirmation de la véracité de l'accusation formulée par les Kurdes. A moins que le rapprochement américano-turc que semblent avoir acté les deux parties à l'occasion de la visite à Ankara du secrétaire d'Etat américain n'en a pas été réellement un, le silence sera fait sur l'accusation kurde et il ne sera question ni de dénoncer Ankara ni de mener campagne contre l'armée turque pour usage d'armes prohibées.
Concernant la ligne rouge que constituerait cet usage comme le martèlent les Occidentaux, il est clair que ces derniers ne l'ont tracée que pour le régime et ses forces armées. Que leur accusation soit fondée ou fausse, les Kurdes syriens ont peu de chance de susciter l'émotion officielle occidentale et d'en attendre qu'elle enraye leur lâchage par les soutiens dont ils ont bénéficié dans le temps où il y a eu besoin d'eux dans le cadre de la lutte contre l'organisation terroriste autoproclamée l'Etat islamique. Celle-ci pratiquement gagnée, leurs pseudo-alliés sont dans des combinaisons géopolitiques qui leur font obligation de ménager la puissance régionale qu'est la Turquie.
Et ce n'est pas le possible gazage que les Kurdes dénoncent qui pèsera lourd dans la balance pour leurs pseudo-alliés défenseurs de leur aspiration à la création d'une entité kurde syrienne dont la Turquie ne veut pas. Dans ce contexte, que les YPG ne comptent pas qu'il sera fait grand cas de leur accusation par les médias de ces mêmes « alliés » qui s'en justifieront en arguant de l'impossibilité d'en attester la vérité. Un scrupule déontologie qu'ils violent allègrement quand le régime de Damas est en cause.
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