Algérie

Les képis en ordre de bataille



les services de sécurité en activité sur le terrainRenflouées de sang neuf, la Police et la Gendarmerie nationales semblent prendre un nouveau départ. Les deux forces de l'ordre accordent leurs violons au profit de la sécurité des citoyens, loin de l'époque de la «guerre» inévitable entre ces deux bras de la force publique, l'un civil, l'autre militaire.
Après une longue période de rivalité entre la Gendarmerie et la Police nationales, l'ère est au rapprochement entre ces deux corps de sécurité. La synergie entre les deux forces de l'ordre vient de se concrétiser par des descentes conjointes, effectuées dernièrement, dans les fiefs de la délinquance et au niveau des plages et des lieux de loisirs et de détente. Une opération qui a pour principal objectif la lutte contre la criminalité, le banditisme sous toutes ses formes et la sécurisation des citoyens et de leurs biens. Il semble bien que les derniers changements opérés et le remaniement en profondeur déclenché au sein des deux corps a permis d'enterrer «la hache» de guerre. Mais pas seulement, les responsables de la sécurité semblent avoir pris conscience des multiples dangers qui guettent le pays. Surtout après l'éclatement au grand jour de l'affaire de Kamel «El Boucher» qui serait le principal accusé dans la tentative de noyer le pays dans la cocaïne. Cette affaire de saisie de 701 kg de cocaïne a permis aux premiers responsables du pays de se rendre compte de l'ampleur des implications et à des degrés de responsabilité assez importants. Elle a permis aussi de dévoiler l'existence d'une corruption à grande échelle et de réseaux bien modelés permettant le blanchiment d'argent et la fuite de capitaux vers l'étranger. Des maux et des crimes transnationaux face auxquels il était pressant pour l'Algérie d'unir ses forces de sécurité pour y faire face. D'ailleurs, la déclaration du Premier ministre, fin juin dernier, n'était sûrement pas désintéressée. Ahmed Ouyahia avait alors appelé la Gendarmerie nationale et la police à travailler ensemble. «J'appelle les deux corps à coordonner leurs actions et à renforcer leurs efforts dans le traitement des affaires ayant un lien avec la justice au service des institutions de l'Etat», avait-il déclaré au Centre international des conférences d'Alger, en marge de la rencontre internationale sur les smart cities. Une déclaration qui est venue juste après les critiques lancées par l'ex patron de la police à l'adresse de la Gendarmerie nationale et qui ont jeté une ombre lourde sur la relation entre les deux institutions sécuritaires des plus importantes du pays. C'est d'ailleurs ce qui a nécessité le changement. En sus, bien évidemment, d'autres considérations, éventuellement liées au développement de l'enquête sur la grosse affaire de cocaïne. Renflouéses de sang neuf, la police et la gendarmerie nationales semblent prendre un nouveau départ. Les deux forces de l'ordre accordent leurs violons au profit de la sécurité des citoyens, loin de l'époque de la «guerre» inévitable entre ces deux bras de la force publique, l'un civil, l'autre militaire. Aujourd'hui, le commandement de la Gendarmerie nationale et la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) s'attellent à mettre en oeuvre une coopération sécuritaire et opérationnelle commune. Il s'agit d'un échange de renseignements, de la création d'une base de données commune, mais aussi d'un travail conjoint sur le terrain. Unique objectif d'une telle démarche est le renforcement du dispositif sécuritaire de lutte contre la criminalité sous toutes ses formes. Cette nouvelle stratégie sécuritaire est inédite et inhabituelle, mais bien évidemment souhaitable depuis longtemps. D'ailleurs, elle a été mise en avant par le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire.
Nouredine Bedoui n'a pas manqué de saluer les efforts des éléments des deux corps «dans la lutte contre la criminalité durant la saison estivale en cours». La décision de recours aux opérations combinées «reflète la volonté de l'Etat à éradiquer définitivement tous les comportements qui portent atteinte à la sécurité et la tranquillité publiques», avait assuré le ministre de l'Intérieur. Il faut dire que l'initiative d'une coordination accrue entre la police et les autres corps de sécurité a été l'oeuvre du nouveau directeur général de la Sûreté nationale, le colonel Mustapha El Habiri. Ce dernier, faut-il le rappeler, avait insisté, dès son installation aux commandes de la Dgsn, sur «une coordination sécuritaire beaucoup plus accrue». Connu pour son sérieux et son abnégation dans le travail, une chose dite pour Mustapha El Habiri, est une chose faite. Heureusement d'ailleurs, car face à l'évolution de la criminalité, la police et la gendarmerie sont appelées à conjuguer leurs efforts et à travailler ensemble.


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