Algérie

Les juges refusent d'agir "sur instruction"



"De nombreuses parties officielles ou non officielles se sont habituées à dessiner une image stéréotypée de l'action de la justice qui ne bouge que sur instruction. Les juges refusent qu'on traite avec eux comme un appareil qui n'entre en action que sur ordre ou sur convocation", écrit le Syndicat national des magistrats.Après avoir observé un silence pesant durant de longues semaines, les juges sortent enfin de leur silence. Dans un communiqué rendu public hier, le Syndicat national des magistrats (SNM) dit refuser de travailler "sous la contrainte" et considère que "la seule protection" dont ont besoin les juges est "celle de la loi". Dans un communiqué qui fera sans doute date, le Syndicat des magistrats bat en brèche toutes les déclarations faites par le pouvoir actuel quant à la "libération de la justice" des "pressions". Selon le document, les juges rappellent que le principe de l'indépendance de la justice ne "peut être mis en pratique" que "par une série de procédures consacrant une totale indépendance des juges, à commencer par la révision des lois et des structures qui organisent l'action du juge et son parcours professionnel". "On ne peut parler de justice indépendante et protégée avec les lois et les structures actuelles", rappelle le document.
Plus que cela, dans ce qui semble être une réponse au chef de l'état-major de l'ANP qui avait promis de "protéger" la justice, les juges estiment qu'il "ne peut y avoir de protection" en dehors de celle de "l'autorité judiciaire". "De nombreuses parties officielles ou non officielles se sont habituées à dessiner une image stéréotypée de l'action de la justice qui ne bouge que sur instruction. Les juges refusent qu'on traite avec eux comme un appareil qui n'entre en action que sur ordre ou sur convocation. Ils sont attachés à leur droit constitutionnel, qui est réclamé par le peuple, celui d'être un pouvoir indépendant qui assume ses missions conformément aux principes de légalité et d'équité, d'après une approche d'impartialité et dont le but est d'être juste", indique encore le communiqué signé par Issad Mabrouk, président du SNM, élu le 27 avril dernier.
Face à l'inquiétude des fonctionnaires de la justice, le Syndicat national des magistrats promet de soutenir ses membres matériellement et moralement en cas de problèmes liés à leurs activités. Cela a un but : concrétiser l'appel des Algériens pour construire une justice indépendante. "L'appel pour une Algérie nouvelle implique un appel pour l'indépendance de la justice. Une justice qui doit être débarrassée de toutes les embûches matérielles et humaines. C'est ce que nous voulons atteindre en vue de contribuer de manière efficace à faire sortir le pays de la crise et l'amener vers des rivages sûrs, avec le peuple souverain dans le cadre des institutions constitutionnelles qui expriment sa volonté libre", précise le syndicat des magistrats.
Dans différentes interventions, le chef de l'état-major de l'armée avait demandé à la justice "d'accélérer" le traitement des "dossiers de corruption". Ahmed Gaïd Salah, qui a "souhaité" des poursuites judiciaires contre "la bande", a même demandé d'éviter "de s'attarder" sur la révision des procédures pour ne pas permettre à ceux qui ont dilapidé les deniers publics d'échapper à la justice.

Ali Boukhlef


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