Les jours les plus longs

Du coup de clap de lancement de la campagne électorale et à quelques heures (ce soir à minuit) de la vue du « ruban » indiquant l'arrivée d'un marathon qui aura duré vingt-deux jours, les Algériennes et les Algériens auront tout vu et tout entendu. Les constats et appréciations sur les prestations des six candidats sont légion et ont souvent suscité commentaires et spéculations qui s'entrechoquent. Le pragmatique, le cartésianisme mais aussi l'ubuesque et le caricatural ont alimenté les contenus des discours. Parfois, la violence s'y est invitée. Le bilan est diversement analysé dans les différents camps. Dès demain, le temps sera à la concentration et à la mobilisation dans le QG (quartier général) de chacun des candidats pour se projeter, carrément, dans l'urne. Aujourd'hui, à trois jours du 17 avril, on actionne les « boutons » de sonde et on s'active dans les coulisses à combler les vides dans les parcelles non encore défrichées. C'est le temps des conclaves. L'appréhension, pour tous, du verdict est visible sur les visages et accélère le rythme cardiaque. Encore trois jours et trois nuits des plus longus pour une nouvelle trajectoire de l'Algérie. De l'histoire future d'un pays dans le concert des nations. Très lourde responsabilité pour « l'heureux » élu que 39 millions d'Algériens attendent pour une Algérie meilleure, majeure. Par un scrutin expurgé de ce cliché de « Naegelen » qui a trop collé aux élections du pays. D'ici jeudi, les fariboles et calembredaines des uns et des autres devront être gommées des lexiques des postulants à la Présidence pendant ce laps de « compte à rebours ». Pour un Président crédible. Un Président pluriel. Celui qui ancrera l'unité dans la diversité. Celui qui, face à ses adversaires de campagne, des régions hostiles à son programme, des boycotteurs, montrera sa mansuétude de père de toute la nation. Ce sera, comme le souhaite le peuple, le Président de tous les chantiers de l'Algérie qui a tout pour réussir mais traîne dans ses projets. Le Président fortifiera sa position et dégagera sa vue dans la prospective par la prise en compte des revendications mais aussi des idées des candidats « éconduits » dont les programmes sont aussi puisés dans les réalités nationales. Ce qui constitue une manne de données pour le futur Président en vue d'une démarche politico-économique et sociale au cachet consensuel, c'est-à-dire qui représente toute l'Algérie et ses multiples aspirations. Ce sera, alors, la gouvernance sans exclusive. Loin de toute partialité. Le Président sera connu vendredi prochain. Son programme sera son capital. Le terrain est insatiable, vorace. L'effort sera rude. Permanent. Le poids d'un mandat a sa mesure comptable. Cette fois, le peuple jugera et s'impliquera.