Algérie

Les journalistes sous haute surveillance à Tripoli



Hier, jour de la grande prière et moment-clef pour la mobilisation des opposants au régime de Mouammar El Gueddafi, la pression s’est encore accrue. Les portes de l’hôtel Rixos, où résident l’essentiel des journalistes étrangers, ont été fermées. Les correspondants n’ont pu sortir qu’en groupe dans un convoi affrété par les autorités, a expliqué à l’AFP un journaliste étranger joint par téléphone. Un porte-parole du gouvernement, Moussa Ibrahim, a adressé une mise en garde sans ambiguïté à la presse étrangère. «Tout journaliste sortant dans la rue sans permission sera arrêté. C’est un jour spécial. Des éléments terroristes veulent provoquer des violences et la présence de journalistes ne peut qu’aggraver cette situation», a déclaré ce responsable devant des journalistes occidentaux. Un journaliste de l’AFP a néanmoins pu se rendre sur la place Verte, dans le centre, où une centaine de pro-El Gueddafi manifestaient leur soutien au «guide de la révolution». Une quinzaine de policiers l’ont alors repéré et mis dans un taxi, avec ordre au chauffeur de le conduire sans détour à son hôtel.Plus tard, des petits groupes de manifestants, partisans du colonel El Gueddafi et d’autres hostiles au dirigeant libyen, se sont battus à main nue sur cette place, selon un témoin. Parallèlement, des affrontements entre une centaine de manifestants anti- El Gueddafi et les forces de l’ordre se déroulaient à Tajoura, un quartier populaire de l’est de Tripoli, selon un témoin. Internet coupé Même avant-hier, échapper à la surveillance des autorités était difficile, la prise en charge par le gouvernement débutant dès l’arrivée à l’aéroport. Depuis jeudi soir, l’accès à Internet a été coupé sans explication dans les deux hôtels de Tripoli habilités à accueillir la presse étrangère. «Ce n’est pas de notre faute, il s’agit d’une intervention extérieure», a confié à l’AFP un employé de l’hôtel Corinthia. Depuis le début de la révolte, le 15 février, dans l’est du pays, les autorités libyennes dénoncent la couverture de ces événements sanglants par la presse étrangère, l’accusant d’exagérer leur ampleur et d’avoir pris fait et cause contre le régime en place depuis presque 42 ans. Elles démentent aussi systématiquement les opérations militaires conduites dans l’est du pays, et dont l’AFP a pourtant recueilli de nombreux témoignages concordants ou parfois été témoin directement. Ainsi, Moussa Ibrahim avait refusé mercredi de s’exprimer sur une attaque armée des autorités pour reprendre le contrôle du port pétrolier de Brega. «Il y a eu de nombreuses rumeurs de ce type sur des attaques que nos forces mèneraient. Elles se sont toutes révélées fausses», avait-il assuré. Seif al-Islam, un des fils du colonel El Gueddafi, a toutefois déclaré à la télévision Sky News, jeudi soir, qu’il y avait bien eu une frappe aérienne mais qu’elle était «destinée à effrayer». Lorsque le gouvernement a organisé jeudi un convoi pour la presse dans le nord-ouest du pays, où les fidèles du régime semblent avoir repris le dessus, les journalistes ont été tenus à l’écart de la population locale. A Zawiyah, ville située à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Tripoli, Aïcha Jaloud, une accompagnatrice du comité libyen pour la presse étrangère, a assuré que la situation était totalement «sous contrôle», mais refusé de passer par le centre ville.
 


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