Algérie

Les jeux sont ouverts



À cinq mois du scrutin pour la succession de Bush, les jeux sont complètement ouverts. Entre ces deux personnages atypiques de la scène politique américaine, le débat promet d’être long et dur.
À gauche, version américaine, Barack Obama, 46 ans, métis et sénateur depuis quatre ans, orateur né au sourire éclatant et dont le père est kényan. À droite, John McCain, 71 ans, vétéran du Vietnam, prisonnier de guerre, piètre tribun mais vieux routard originaire de l’Arkansas. Alors que le premier se pose comme l’incarnation d’un “changement dans lequel vous pouvez croire”, le second se présente comme “un leader dans lequel vous pouvez croire”, bien qu’il soit fortement handicapé par l’héritage de Bush. Deux hommes différents en tout avec la même ambition : s’installer à la Maison-Blanche.
Comme les Américains aspirent à un changement, être nouveau sur la scène politique peut donc être un avantage pour Obama qui va en outre profiter du soutien actif de l’entourage de Hillary Clinton, ce qui lui permettra de combler son déficit en matière d’expérience. Obama est également un candidat dont les origines sont un paramètre important dans cette campagne. Ses origines mixtes ont déjà séduit l’électorat jeune et les mentalités ont changé aux États-Unis. Et il n’y a pas de raison particulière pour que ses origines ethniques lui soient préjudiciables, estiment  les politologues américains, y compris d’obédience républicaine. Par ailleurs, et c’est un point essentiel, Obama est parti à la conquête d’États votant républicain, notamment le Sud, et son aptitude à rassembler l’électorat afro-américain dans ces États pourrait lui assurer de bons scores. Pour le reste, il a prouvé qu’il pouvait s’imposer dans des États “blancs”, et c’est d’ailleurs là qu’il a fait ses meilleurs scores.
Son rival, outre son âge, doit faire avec le grand défi de se distancier de la présidence sortante, fortement impopulaire à l’issue de son double mandat. Tout au long de sa campagne, McCain a d’ailleurs bien pris soin de ne pas trop s’afficher avec Bush, mais l’impopularité de ce dernier risque, malgré tout, de porter préjudice a sa candidature. Par ailleurs, si McCain n’a pas de problème majeur du côté de l’expérience, son âge est en sa défaveur, d’autant plus que le candidat républicain a eu ces dernières années quelques problèmes de santé, dont un cancer de la peau, soigné en 2000. Il reste que dans le fond, Obama ou McCain, c’est Hadj Moussa, Moussa Hadj.
Les deux candidats, campagne oblige, raillent à l’unisson l’establishment qui se partage le pouvoir “au détriment des électeurs”, parlant tous deux de bâtir un consensus en faveur d'un réel changement ! Ils se sont engagés à diminuer les gaz à effets de serre, à fermer Guantanamo, à répudier sans réserve la torture légalisée par Bush et à régulariser les 12 millions d’illégaux. Discours de campagne, car un changement de cap aux États-Unis signifie changement de stratégie, ce que ni Obama ni McCain ne sont capables de mettre en œuvre.Le pouvoir décisionnel aux States n’est pas près de se réformer, les deux candidats l’ont démontré devant l’AIPAC, le lobby juif le plus influent. La ligne idéologique est donc la même, en particulier pour ce qui est des affaires étrangères.
Quant aux affaires intérieures, les fondamentaux resteront les mêmes également au nom du libéralisme. Hormis quelques couches de verni, rien ne viendra déranger les oligarchies, véritable pouvoir.


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