Algérie

Les Jeux olympiques de Paris Discrimination et discorde



Publié le 28.07.2024 dans le Quotidien l’Expression

De grandes injustices.
Le sport de haut niveau a toujours fasciné les foules en présence d’athlètes avec des performances exceptionnelles. C’était la belle époque des années 80. Ceci avant l’avènement du néolibéralisme prédateur toujours à la recherche de la création de valeurs sur la sueur des autres. Un autre paramètre en plus de la financiarisation des sports, c’est la politique du deux poids, deux mesures, selon la doxa occidentale. À savoir la punition des récalcitrants qui ne rentrent pas dans la doxa occidentale.
Il en est ainsi du deux poids, deux mesures d’abord avec Israël à qui tout est permis du fait d’une faute originelle commise et qu’ils doivent faire payer à un peuple sans défense. Tous les arguments du monde n’ont aucune valeur devant un pays qui impose sa norme pas de trêve. Près de 40000 Palestiniens et le génocide continue. Israël est invitée en grande pompe à Paris. La Russie est punie et elle est interdite de participation, c’est donc plus de 300 athlètes exclus symboliquement seuls 25 seront admis. Il en est aussi à un degré moindre, mais toujours scandaleux l’interdiction aux athlètes françaises de concourir si elles portent un foulard au nom d’une laïcité à géométrie variable. Mais ceci est une autre histoire. Pourtant nous nous rappelons avec émotion.
À Atlanta, ce furent les Jeux du centenaire et derniers du siècle. L’arrivée sur le stade de la flamme olympique fut le moment fort de ce 19 juillet 1996. Le dernier relayeur n’était autre que Mohamed Ali, champion olympique aux Jeux de 1960. Dans une grande émotion collective, tenant le flambeau olympique de sa main tremblante aidée par les mains virtuelles de plus d’un milliard de personnes, l’immense Mohamed Ali, allume la vasque. Ce fut une rare communion humaine.

Du pain et des Jeux
La flamme olympique. Nouveau leurre pour faire oublier le reste. Les Jeux olympiques ont accompagné la civilisation grecque. Pour pouvoir distraire la plèbe, les hommes politiques dirigeants leur garantissent le pain et les jeux de cirque : «panem et circenses» : Mots latins signifiant du pain et les jeux du cirque. Expression de Juvénal (Satires, X, 81) stigmatisant la conduite de la plèbe de Rome. Elle dénonce le fait que ses compatriotes ne se préoccupent plus que de leur estomac et de leurs loisirs.
Ainsi : « À une période de l’année tous les quatre ans, les cités se déclaraient la paix. Ce sont des concours sportifs organisés entre les cités grecques antiques créés au cours du VIIIe siècle av. J.-C. et perdurent pendant plus de mille ans. On fixe traditionnellement les derniers Jeux en 393 ap. J.-C. après l’interdiction de l’empereur Théodose sous les conseils de Ambrose l’évêque de Milan. Près de 1500 ans plus tard, les Jeux olympiques ont été réhabilités dans une forme différente, le Français Pierre de Coubertin fut l’un de ceux qui participèrent à la réhabilitation. Il voit dans le sport, un instrument utile de «disciplinisation des indigènes». Pour certains, Coubertin est, de surcroît, clairement raciste existe, misogyne, colonialiste, en un mot réactionnaire » (1) (2) (3)
Les Jeux olympiques à Paris 2024 en quelques chiffres : Paris 2024 : 134 athlètes représentant l’Ukraine, 13 pour la Russie et 12 pour la Biélorussie, voilà le deal imposé par le CIO sur ordre de l’Empire. les 89 athlètes israéliens qui défileront sous haute garde.

Les Jeux olympiques : la guerre par d’autres moyens
Curieusement dans un pays laïc, il n’y a pas eu de trêve olympique ! Mais une messe a été célébrée, à Paris, le 19 juillet, cinq colombes, symboles universels de la paix, sont lancées. Les nations pas toutes chrétiennes ne sont pas représentées par des rabbins, des imams, des bonzes. En fait, l’Église cherche des opportunités pour évangéliser : avec un programme Holy Games, l’Évangile: c’est le sport! Cela rappelle la même tentative avec la fête Hallowen que l’Église a voulu combattre en créant le slogan Holy winn. En vain !!
Il n’est pas étonnant que l’on parle des Jeux olympiques comme outil de la nouvelle Guerre froide: «Le sixième principe fondamental de l’olympisme semble être oublié depuis longtemps. Mais au cours du XXe siècle, les Jeux olympiques sont devenus une arme politique. En 1980, les États-Unis et leurs alliés ont boycotté les Jeux à Moscou comme une protestation contre les troupes soviétiques qui étaient entrées en Afghanistan. : « Souvenons-nous. Au début de 1980, le président américain Jimmy Carter demande au Comité olympique de son pays de ne pas envoyer d’athlètes aux Jeux d’été de Moscou afin de protester contre l’intervention militaire de l’URSS en Afghanistan. Les Jeux olympiques d’été de 1984, organisés à Los Angeles, ont à leur tour été boycottés par un certain nombre de nations menées par l’Union soviétique justifiant son attitude en raison de « chauvins sentiments et d’une hystérie anti-soviétique clairement exposée en place publique aux États-Unis ».(4)
Nous sommes en 2024, sur instruction de l’Empire, la Russie est interdite des Jeux, (12 athlètes sans drapeaux sur un potentiel de 300). Par contre, 140 athlètes ukrainiens et 89 sportifs israéliens vont défiler avec les honneurs. La Russie a raison d’exiger « la stricte égalité d’application pour tous les athlètes. Le rejet clair d’un poids, deux mesures » (5)
Yazid Wahib a bien fait de rappeler le deux poids, deux mesures il écrit : « Les instances sportives internationales, le monde libre, les démocrates se préparent à vivre l’évènement planétaire sans se soucier de la guerre d’extermination que mène l’armée israélienne contre le peuple opprimé de Palestine. Le Comité international olympique ne bouge pas le petit doigt pour rappeler à ses devoirs l’État voyou d’Israël. Pourquoi cette posture ? Lors du déclenchement du conflit armé russo-ukrainien, la communauté internationale s’est soulevée comme un seul homme contre la Russie. Israël a fait pire. Qu’attend le Comité international olympique pour imposer à Israël le respect de la trêve olympique inscrite noire sur blanc dans la charte olympique ? Quid des pays arabes et musulmans ? Ils ne donnent pas l’impression que cela les concerne. Pour eux, parler de boycott des Jeux olympiques de Paris 2024 serait un blasphème. Des Palestiniens (dirigeants sportifs s’entend) adoptent la même attitude. Voir Paris et mourir. » (6)

La financiarisation du sport
Il est bien connu que le libéralisme s’intéresse à tout ce qui peut permettre d’extraire de la valeur. Pascal Grillon écrit à propos du CIO obligé de financiariser ses actions, « L’idée olympique de l’ère moderne symbolise une guerre mondiale, qui ne montre pas son caractère militaire ouvertement, les États ont très vite compris l’utilisation qui pouvait être faite du sport, La victoire d’un athlète ou d’une équipe devient la victoire du pays. Le CIO, entretient ainsi une véritable diplomatie vis-à-vis des États. Sa puissance financière s’est développée grâce aux droits télévisés et au sponsoring de multinationales.? Comment maintenir un discours sur les vertus du sport, sur une philosophie de la vie et gérer une marque mondiale comme une multinationale. Les Jeux de Pékin ont confirmé le succès avec 220 pays ou territoires couverts. La désignation de la ville hôte offre l’opportunité de ‘’ pénétrer ‘’ un nouveau marché. Celle de Pékin ouvrait aux sponsors l’accès à un fabuleux marché. » (7)
À Paris en fonction de la médaille olympique obtenue, les athlètes toucheront une prime. Ceux qui deviendront champions olympiques avec une médaille d’or recevront 80000 euros, en argent 40000 euros, en bronze 20000 euros, frappées à l’effigie de la tour Eiffel.
«L’argent a-t-il mis la boxe K.-O. ? » écrit Sylvain Ville. Cette idée, selon laquelle les enjeux économiques sont délétères pour le sport, est largement partagée. Ainsi, presse, radio, télévision regorgent d’éditoriaux, dénonçant les conséquences funestes de l’argent dans la pratique sportive, la libéralisation du sport depuis une quarantaine d’années, aurait introduit de nouvelles logiques privilégiant la rentabilité, voire le profit et en aurait fait un véritable « business ». D’où l’inflation des salaires et des transferts (notamment en football), la fin de l’obligation à l’amateurisme aux Jeux olympiques et une augmentation de cas de dopages, de triches et de violences ». (8) Si on peut admettre ces dérives dans les pays évolués, il ne devrait pas être le cas dans les pays en développement où le scandale de joueurs payés à plusieurs millions de DA /mois, démonétise l’échelle de valeurs. Si trois mois de salaire d’un joueur équivalent à une retraite de 32 ans d’un professeur d’université, Il est impossible dans ces conditions de construire une nation avec une échelle de valeurs basée sur l’effort et le mérite.

Et l’Algérie dans tout ça ?
Un motif de fierté assurément ! : « Mastanabal est le plus jeune fils de Massinissa, et le deuxième roi de la Numidie unifiée. Né vers- 140avt. J.-C. à Cirta (Constantine). Sportif dans sa jeunesse, on dit que le prince Mastanabal participa aux courses de chars aux Jeux panathénaïques. C’était un sportif passionné d’équitation. Il possédait un haras de chevaux de race.
Vers 168 av. J.-C. ou 164 av. J.-C., il remporta une médaille d’or aux Jeux panathénaïques dans l’épreuve prestigieuse de course de chars à chevaux ». 2155 ans plus tard Hassiba Boulmerka offrait à l’Algérie la médaille d’or dans le 1500 m aux Jeux olympiques de Barcelone le 8 août 1992.
C’est la première Africaine à devenir Championne du monde d’athlétisme et elle est aussi le symbole pour le sport féminin arabe. (9)

Conclusion
Il est incompréhensible que les pays du Brics ne réagissent pas du fait du boycott de l’un des leur : la Russie On aurait penser qu’au minimum il adopte le drapeau du Brics par solidarité. Il est dommage de constater la discrimination concernant les athlètes françaises femmes interdites de foulard.
Il est encore plus navrant que le deux poids, deux mesures permette à un pays génocidaire à Ghaza de voir ses athlètes défiler et dans le même temps la Russie est bannie. Dans ce XXIe siècle, les Jeux olympiques, pour paraphraser Carl Von Clausewitz, sont «la continuation de la guerre par d’autres moyens». L’Occident, toujours sûr de sa puissance, pense encore dicter la norme du bien et du mal pour les 1000 prochaines années.
*Professeur École polytechnique Alger
1.Chitour Chems Eddine . https://www.lexpressiondz.com/index.php/chroniques/l-analyse-du-professeur-chitour/la-guerre-par-dautres-moyens-246566 28 07 2016
2.Les jeux olympiques https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_de_Coubertin
3Gérard Lemaitre Https://reseauinternational.net/du-pain-et-des-jeux-la-flamme-olympique-nouveau-leurre-pour-faire-oublier-le-reste/ 10 05 2024
4.https://fr.wikipedia.org/wiki/Boycott_des_Jeux_olympiques_d%27%C3%A9t%C3%A9_de_1980
5.https://www.dicolympique.fr/israel-russie-un-poids-deux-mesures/
6. https://elwatan-dz.com/jo-paris-2024-treve-olympique-et-charte-de-la-honte 22 07 2024.
7.Pascal Gillon Annales de géographie 2011/4 (n° 680), https://www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2011-4-page-425.htm
8.Sylvain Ville https://www.cairn.info/revue-savoir-agir-2024-1-page-203.html
9.https://fr.wikipedia.org/wiki/Mastanabal
Chems Eddine CHITOUR



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