A l'intérieur du club de kung-fu du « Dragon Rouge » à Beït Lahya, dans le nord de la bande de Ghaza, Salah Al-Masri, un frêle garçon de neuf ans, marche sur des bris de verre. Exprès. C'est dans le cadre de l'entraînement qui lui est dispensé.
« Ce sport me donne un sentiment de force qui me permet de me défendre, et défendre ma famille et ma patrie face aux Juifs », affirme le garçonnet, engoncé dans sa tenue de combat rouge.« Pendant la guerre, nous avons fui notre maison pour échapper aux bombardements. Lorsque nous sommes revenus, j'ai rejoint ce club pour m'entraîner chaque jour, devenir fort et ne plus avoir peur de qui que ce soit », ajoute-t-il, en feignant l'assurance de celui qui en a vu d'autres. Son camarade Nashaat Abou Harbid, neuf ans, opine du chef. « Personne ne pourra nous toucher lorsque nous deviendrons des champions de kung-fu. Tout le monde aura peur de nous, car on sera forts et courageux », se persuade-t-il. Les mômes interrompent leur entraînement le temps d'admirer Salah Sawaljeh, de six ans leur aîné, qui s'allonge sur une planche en bois plantée de clous, deux autres garçons se tenant debout sur sa poitrine. Les combattants en herbe applaudissent chaleureusement. Le petit champion se relève, fait quelques pas et étend son corps, cette fois, sur un tas de couteaux disposés à même le sol. « Le kung-fu renforce le corps et la confiance en soi. Je me sens capable de me défendre contre n'importe qui », assure-t-il. Selon Hilmi Matar, l'entraîneur du club, le nombre d'adhérents, surtout les enfants, aux cours d'arts martiaux a « décuplé » depuis la guerre. « Les enfants ont énormément d'énergie à brûler. La plupart viennent chaque jour et passent de longues heures ici », affirme-t-il. Le psychiatre Iyad Al-Sarraj, directeur du Ghaza Community Mental Health Program (GCMHP), impute ce phénomène aux « effets psychologiques de la guerre ». « Les enfants ont emmagasiné une énorme charge de violence pendant la guerre, surtout en voyant que personne n'était capable de les protéger », explique-t-il. « La violence nourrissant la violence, ils essayent de dépenser cette énergie par le biais d'activités violentes correspondant à la réalité dans laquelle ils vivent et qui leur donne un sentiment de force et de sécurité », souligne-t-il. La guerre est la principale raison de la popularité de ce genre de sports qui n'étaient pas très répandus avant à Ghaza. « Les traumatismes, dont ont été victimes les enfants, les ont poussés vers la violence, jusque dans le sport », convient Samir Zaqout, psychologue au GCMHP. Le côté « dangereux » de ces sports les rend encore plus attrayants, ajoute-t-il. Le psychologue exhorte les entraîneurs à canaliser cette énergie chez les jeunes. « Le sport doit être un défouloir et il ne faut pas s'en servir pour rendre les enfants encore plus violents, car ils souffrent déjà suffisamment en raison du blocus imposé par Israël », argue-t-il.
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Posté Le : 20/08/2009
Posté par : sofiane
Source : www.elwatan.com