Les jeunes préfèrent les services et le transport

Samir Ould AliDepuis la création de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej) voici près de 16 ans, les services et le transport restent les créneaux privilégiés des porteurs de projets de la wilaya d'Oran. Des statistiques régulièrement établies par la direction de l'Ansej, il ressort que ces deux segments d'activités constituent l'essentiel des dossiers introduits par les jeunes promoteurs, contrairement à l'agriculture, l'industrie ou le BTP qui ne semblent pas susciter de vocations chez les 19-40 ans. Au cours de la période allant de 2010 à 2012, l'Ansej-Oran a ainsi validé 3 790 projets dans lesservices, 1 738 dans le transport de voyageurs et 1 350 dans le transport de marchandises contre seulement 293 projets pour le secteur du BTP, 189 dans l'agriculture et 542 dans l'industrie. En 2013, la tendance est restée la même selon les responsables de l'agence, qui ont indiqué que les services et le transport se sont encore une fois taillé la part du lion des 2 350 projets accordés.Cessation de paiement et mises en demeurePour autant, ce penchant affirmé pour les deux créneaux n'est pas toujours synonyme de réussite, puisqu'il apparaît que de très nombreux bénéficiaires ne peuvent pas rembourser leurs crédits et se trouvent donc en cessation de paiement. Ce qui est parfaitement compréhensible lorsqu'on sait que le secteur du transport, par exemple, est saturé du fait de l'injection anarchique et sans étude de marché de milliers de nouveaux opérateurs. Résultat : l'offre dépasse la demande et, ce qui n'arrange rien, les opérateurs sont souvent contraints de subir la concurrence déloyale de transporteurs clandestins. En 2012, des organisations syndicales de transport déploraient ainsi que plus de 2 500 jeunes ayant bénéficié du soutien financier de l'Ansej dans le secteur étaient en cessation de paiement. Et aujourd'hui, l'Ansej-Oran - qui souligne que 30% des bénéficiaires de crédits, tous secteurs d'activités confondus, peinent à rembourser leurs crédits - annonce avoir adressé près de 5 100 mises en demeure pour retard dans le remboursement des crédits à des opérateurs ayant bénéficié de l'aide financière en 2013. C'est dire que la situation n'est pas si reluisante, malgré ce que l'Ansej comme les autres dispositifs d'aide à l'emploi veulent faire accroire à coups de chiffres et de statistiques.Projets mal ficelésDu reste, de nombreux économistes et spécialistes du travail continuent d'avertir contre l'absence de maturation des projets endossés par l'Ansej,l'inexistence d'études de marché et le manque de formation en management des porteurs de projets qui ne sont pas, ou rarement, accompagnés dans leurexpérience. Les dispositifs d'aide et de soutien à l'emploi imaginés par lespouvoirs publics sont davantage destinés à calmer la colère des demandeurs detravail qu'à insuffler une véritable dynamique de création d'emplois durables pouvant résorber le chômage, déplorent ces mêmes spécialistes en pointant un doigt accusateur en direction des structures d'aide qui financent des dossiers souvent mal ficelés, portés par des jeunes inexpérimentés, dans un environnement économique très peu favorable.S. O. A.