Algérie

Les jeunes Kabyles et leur futur président



Les jeunes Kabyles et leur futur président
Les jeunes sont plutôt branchés sur la future Coupe du monde que sur l'électionOn s'inquiète des nouvelles qui arrivent, par bribes, de la capitale. En ces temps où l'actualité s'emballe, Tizi Ouzou semble loin et proche à la fois.De l'indifférence à l'inquiétude, de l'espoir à l'attente mitigée, l'élection présidentielle occupe tous les espaces publics dans la wilaya de Tizi Ouzou. Les jeunes, les vieux, les femmes et les enfants en parlent. Chacun à sa façon, chacun à son approche, mais des gens que l'échéance n'inspire pas, sont nombreux, voire très nombreux. En effef, ils sont plusieur à s'inquiéter du climat tendu qui s'est installé. Il y en a aussi qui s'inquiètent des nouvelles qui arrivent, bien que par bribes, de la capitale. En ces temps où l'actualité s'emballe, Tizi Ouzou semble loin et proche à la fois.Pour tâter le terrain et connaître ce que pensent réellement les citoyens de l'élection présidentielle, une tournée à travers plusieurs quartiers de Tizi-Ouzou et une virée à travers quelques places importantes des communes s'imposent.Débranchés, ils regardent ailleurs«Non, je ne sais pas quand elle aura lieu. Après la Coupe du monde ou avant'» nous interroge Samir au Bâtiment bleu. D'autres jeunes, habitant non loin de là affirment connaître la date du 17 avril mais ignorent les candidats en lice. «Je sais que Bouteflika va se présenter. Je sais aussi qu'il y a d'autres candidats comme Benflis, mais je sais aussi que je ne voterai pas. D'ailleurs, normalement» c'est la première fois que je vais voter, mais ça ne m'intéresse plus», affirme un autre jeune. Ironique est la réponse d'Arezki qui s'est dit connaître tous les candidats. «Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis triste de la disparition des formulaires de Rachid Nekkaz. J'espérais au moins qu'il nous donnerait des visas pour la France, puisque lui il n'en veut plus» ironise-t-il, faisant rire tout le groupe.A travers les communes, l'élection occupe une grande partie des discussions. Dans les cafés, les places des villages, chacun y va de son analyse. «Espérons que le meilleur l'emporte. Les gens ont besoin de travail et de sécurité», affirme Amar l'air philosophe. Curieusement, dans les villages, l'actualité sur la présidentielle est suivie et décortiquée par toutes les catégories d'âge. Les jeunes semblent plus indifférents que les plus âgés. «Qu'est-ce que ça va changer une élection présidentielle dans le quotidien morose de notre village' Rien, nous vivons au jour le jour, le seul événement dans un village c'est l'enterrement. De temps à autre, nous accueillons un mort qui revient de France pour être enterré dans le cimetière du village, à côté de ses parents. D'ailleurs, ces dernières années, personne ne revient vivant. Ils préfèrent tous rester jusqu'au dernier souffle» dit Mustapha, la voix teinte d'un désespoir inouï.Les partis ne captent plusAprès plusieurs décennies, plusieurs discours enchanteurs et maintes promesses non tenues, les partis politiques ne semblent plus faire recette chez les jeunes générations. «Qui, je ne vois pas qui c'est' Un chanteur'» rétorquait étonné, un jeune à qui nous avons demandé son avis sur la position d'un chef de parti implanté en Kabylie. Beaucoup semblent ignorer les noms et les partis politiques. «Je ne sais pas quelle est sa position sur l'élection. D'ailleurs, je m'en fous de ce qu'il décide. J'ai ma décision à moi» renchérit son camarade.Même à l'université, les étudiants voient de jour en jour leur base s'estomper. «Non, non, je n'attends pas qu'ils me disent si je vote ou non. Ils nous ont maintes fois trahis. Je n'aime pas les girouettes, d'ailleurs c'est déconseillé de faire attention. Il faut plutôt observer le vent qui les fait tourner» rétorque un étudiant politisé, mais qui ne croit plus aux partis traditionnels.«Une chose est sûre, vous pouvez faire l'expérience vous-même, le plus grand institut de sondage au monde ne pourra pas sonder les intentions de vote des étudiants de l'université de Tizi Ouzou.La jeune génération est, en grande partie, affranchie de la tutelle politique traditionnelle», remarque Samir, étudiant rencontré à Bastos.La sécurité d'abord et on parlera ensuiteLa lutte contre l'insécurité arrive, par ailleurs, en première position des attentes des citoyens. Bien qu'ils ne lient pas directement cette dernière à la présidentielle, il n'en demeure pas moins, que le critère de jugement de l'apport d'un homme politique est incontestablement sa capacité à apporter la sécurité, principale condition de bien-être.«On attend du prochain président qu'il éradique ces bandes qui sèment la terreur sur les routes. On verra si le prochain président s'attaquera à ces bandits qui menacent nos biens et nos vies» clame, Ali, un quinquagénaire de Boudjima. «Moi, je me souviens, il y a quelques années, personne n'osait prendre cette route (RN24 reliant Tigzirt à Alger par le littoral). Elle était synonyme de suicide. Les terroristes en ont fait leur propriété privée. La région que vous voyez là, Mizrana, est restée deux décennies sous l'emprise des groupes armés. Alors, aujourd'hui, peu importe le président, l'essentiel c'est que ça ne se reproduise jamais», affirme un autre vieil homme rencontré au port de Tigzirt. «Je veux juste qu'on me laisse pêcher dans le calme.La présidentielle' Je conseille à ces vieux politiciens rouillés de venir me rejoindre ici pour pêcher le poisson, au lieu de pêcher les voix. Il est temps de laisser nos enfants et nos petits-enfants gérer leur pays. Moi, d'ailleurs, c'est ce que j'ai fait. J'ai abandonné mes commerces à mes enfants», dissertait Dda Rezki qui ne se sépare jamais de sa canne à pêche depuis quelques années.Du travail du logement et la loi du mériteTrois critères semblent réunir l'unanimité chez les jeunes. Sans évoquer une quelconque préférence pour un candidat ou un autre, les jeunes attendent du travail, du logement, mais aussi la loi du mérite comme seul critère d'accès aux postes de responsabilité. «Moi, j'en ai marre de ce bled. J'ai passé tous les concours, mais jamais une fois je n'ai pu décrocher un job. Toutes les chances revenaient à ceux qui avaient des connaissances. Ce pays est une prison. Pensez ce que vous voulez, mais il y a des moments où s'il y avait devant moi une bombe, je me serais fait exploser», se déchaîne Rachid, ingénieur qui s'est remis aux procédures de l'émigration. «Je veux juste un logement pour cacher ma gueule au soleil de ce pays. Je ne veux plus rien voir. Je veux un taudis pour mes enfants. J'en ai marre d'espérer dans ce bled de diables. Oui nous sommes tous des diables mais chacun fait le mal qu'il peut» juge sans ménager sa propre personne Ramdhane, jeune enseignant.Parmi toutes les contraintes, il y en a plusieurs qui font naître des sentiments d'indignation parmi les citoyens de toutes catégories. «Ecoutez, pour votre bien, cessez d'espérer, car cela va vous rendre malade. Moi, je suis médecin, je ne me vante pas de mon statut et je ne méprise pas les autres métiers. Mais quand je vois un cordonnier ou un vendeur de cigarettes gagner plus que moi par jour, ça me décourage. T'es déjà allé te faire réparer une chaussure' Un centimètre de fils, deux à trois petits clous et une minute de travail le gars te demande 600 DA. En une journée, il s'en sort avec pas moins de 10.000 DA. Un peu de bon sens et d'équité. Moi, du prochain président, j'attends qu'il mette un peu de logique dans ce bled de fous», se lâche un jeune médecin qui attend la fin des procédures de son départ en Europe.Le président en qui je croisDe toutes les attentes, nous avons relevé certaines qui ne relèvent pas de l'actualité et de la situation concrète du pays, mais qui en ont après le malaise général. «Le président en qui je croirais, mes enfants, est celui qui, une fois élu, prendra son bâton de pèlerin et s'en ira à travers le monde à la recherche de ses petits-enfants, les enfants de ce pays, qui errent à travers les continents. Ce président en qui je croirais, les ramènera dans leur pays et leur donnera du travail et de la valeur.Le président en qui je croirais ne laissera jamais nos enfants méritants à la merci des incapables et des ignorants qui feront tout pour les chasser», nous dira, Ami Saïd, vieux retraité, ancien moudjahid qui a refusé de prendre une pension estimant que ce qu'il a fait n'était pas pour de l'argent.




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