Les jeunes généraux

Il y a indéniablement un côté pratique en Algérie : les élections sont terminées dès le dépôt des dossiers de candidature. Ce qui fait gagner du temps, de l'argent et des illusions, dispense les candidats de faire de fatigantes campagnes électorales et, surtout, évite aux citoyens ayant des choses plus sérieuses à faire de se rendre au bureau de vote pour faire un choix. D'ailleurs, il est temps de remédier à ce problème, pourquoi faire des élections en dehors du formalisme obligé puisque les patrons, le syndicat national, le chef de l'Assemblée, du Sénat, les télévisions et radios publiques et privées, les walis, les principaux partis politiques, la police, les repentis, les salafistes, le DRS et Raouraoua sont déjà tous d'accord pour reconduire l'actuel Président, même assis et inaudible 'Car en dehors de quelques activistes ? moins nombreux, il faut l'avouer, que la kasma FLN de Oued Souf ? plus rien n'est en mesure de s'opposer à l'ascension programmée de la chaise roulante vers le fauteuil suprême. Sauf que, on évoque, depuis quelque temps, les «jeunes généraux» ? tout nouveau concept désignant un club fermé de nationalistes en uniforme vert et au ventre plat ? seraient révoltés par la conduite du Président et viennent d'être appelés par plusieurs personnalités à intervenir dans le champ politique. Mais qu'est-ce qu'un jeune général ' C'est un vieux général qui n'a pas encore vieilli et, à ce titre, ce n'est qu'une question de temps, autre concept que le président Bouteflika semble maîtriser : en étant élu, on le rappelle avant même d'être candidat. On n'y peut rien, il s'accroche comme un vieil homme à son porte-monnaie usé et aura donc tout fait pour, y compris faire peur aux enfants avec sa voix d'outre-tombe et le regard hagard d'un homme débarquant de la lune par téléportation. Oui, heureusement, les enfants ne votent pas, même généraux. Du moins, pas avant l'âge de 77 ans.