Algérie

Les jeunes, enjeu des législatives



Tout jeune ayant fait le choix de se porter candidat à l'élection bénéficiera de la générosité du Trésor public qui fera face à toute dépense."Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a instruit, dimanche, de prendre toutes les dispositions relatives à l'appui et à l'encouragement de la participation des jeunes aux élections législatives du 12 juin prochain, pour concrétiser des élections démocratiques qui traduisent le véritable changement."
C'est en ces termes que le communiqué du dernier Conseil des ministres a évoqué, entre autres, le volet relatif aux prochaines élections législatives convoquées pour le 12 juin prochain. Dans sa directive, le chef de l'Etat a précisé que les jeunes désirant prendre part aux prochaines échéances vont bénéficier, entre autres, "de la gratuité des salles, des affiches publicitaires et de leur impression". Pour ce faire, il a instruit les walis de "créer un mécanisme administrativement adéquat".
En somme, tout jeune ayant fait le choix de se porter candidat à l'élection, bénéficiera de la générosité du Trésor public qui fera face à toutes les dépenses. Indépendamment de la quête du pouvoir à drainer les électeurs lors des prochaines élections, qui constituent, outre mesure, le souci majeur de sa feuille de route, la décision est pour le moins curieuse. Intégrer les jeunes dans la sphère politique et les assemblées élues est en soi une initiative louable.
Cependant, tenter comme appât la prise en charge des dépenses de campagne n'est pas pour mener à bien la mission. Et pour cause, l'exclusion des jeunes de la sphère politique n'a pas été uniquement un fait induit par l'argent, mais par le monopole de l'ancienne génération sur les postes de décision. S'il est connu que toutes les élections passées ou presque, ont été une arène où se disputait plutôt l'argent et non les projets politiques, celles à venir où on promet monts et merveilles à la jeunesse pourraient tomber, elles aussi, dans les mêmes travers que les échéances passées.
L'expérience a montré en effet que toute initiative qui viendrait d'en haut ne connaît pas systématiquement de prolongement efficace au sein de la société. C'est le cas, par exemple, des quotas décidés pour les femmes dans les assemblées élues. Malgré la loi, la présence de la femme dans la sphère publique, celle politique comprise, reste infime. Du fait essentiellement qu'elle n'est pas le résultat d'acquis arraché, mais plutôt de décision administrative qui ne traduit aucunement une réalité sociale et politique. La femme, de par les dispositions du code de la famille, donc de la loi, reste reléguée au stade d'assistée.
Si la décision des autorités pour susciter l'adhésion des jeunes à l'option des prochaines législatives ressemble, à bien des égards, aux quotas réservés aux femmes sur les listes de candidature, cette fois, elle n'apparaît que comme un tremplin pour encourager la participation, véritable angoisse du pouvoir.
Avant cette décision du Conseil des ministres, les autorités avaient déjà annoncé que les entreprises défaillantes ayant été créées dans le cadre du dispositif Anade, anciennement Ansej, bénéficieront d'un effacement des dettes.
L'annonce a été faite, récemment par Nassim Diafat, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Microentreprises. Le ministre avait précisé, à ce propos, que l'Agence nationale d'appui au développement de l'entrepreneuriat a examiné près de 500 dossiers introduits en vue de l'effacement des dettes.
"Une mesure électoraliste", ont estimé, à juste titre, des économistes. Avec cette offensive des autorités publiques pour amadouer les jeunes et les drainer derrière leur feuille de route, il est certain que le bras de fer avec le mouvement populaire risque de s'intensifier du fait que celui-ci est animé principalement par les jeunes. Ces derniers lorgnent, compte tenu de la détermination qu'ils affichent, plus loin qu'à de simples strapontins au sein de l'Assemblée.

Mohamed MOULOUDJ


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