Les jeunes du FLN se rebellent

Devant les pressions exercées par les hommes friqués et des anciens responsables et face à la révolte des jeunes militants, le secrétaire général sera certainement dépassé.La confection des listes de candidatures du FLN ne sefera pas sans dégâts. Du bruit se fait entendre déjà au niveau de la commission chargée d'étudier les dossiers. Cette commission est en conclave à l'hôtel le Mouflon d'or depuis quatre jours. «Les conflits commencent déjà à l'intérieur même de la commission», a affirmé une source proche de la direction du parti. Les responsables du parti se bousculent pour occuper les têtes de listes afin d'assurer d'avance le résultat. «Chacun veut faire passer ses proches», affirme notre source.
Des ministres, des députés et d'anciens membres de la direction ont proposé leur candidature. Ce qui a provoqué l'ire des jeunes du FLN. Ces derniers montent au créneau pour dénoncer leur marginalisation. «Nous n'allons pas lâcher prise, nous ferons tout notre possible pour chasser les caciques du parti», a affirmé le représentant du mouvement des jeunes et ancien membre du comité central, Badis Bouloudnine. Selon lui, plusieurs actions ont été menées pour interpeller la direction du parti pour associer les jeunes à la prise de décision. Afin de faire entendre son message, le mouvement a observé deux rassemblements devant le siège national du parti à Hydra. Avant-hier, quelques centaines de militants du FLN, venus de plusieurs wilayas se sont rassemblés devant le siège du parti pour crier non à la marginalisation.
Ces derniers demandent leur part dans la conception des listes lors des prochaines élections législatives. «Nous ne voulons plus de ces ministres et députés à vie. Nous demandons aux responsables du parti de donner une chance aux jeunes militants», ont-ils écrit dans un message qu'ils devaient remettre à Abdelaziz Belkhadem.
Malgré l'intervention de quelques responsables, les jeunes militants n'ont pas été convaincus. Ces derniers menacent de durcir le ton si la direction de Belkhadem ne prend pas en charge leur requête. Les jeunes militants demandent à traduire «sur le terrain les engagements du président de la République d'encourager l'entrée des jeunes en politique». Ils donnent un temps de réflexion à la direction du parti, réunie depuis quelques jours au niveau de l'hôtel le Mouflon d'or pour la confection des listes électorales. Le représentant du mouvement menace même de s'attaquer à la commission. «Nous allons organiser un rassemblement au Mouflon d'Or», a-t-il précisé sur un ton déterminé. Notre interlocuteur affirme qu'il ne peut plus taire sa colère devant les manoeuvres malhonnêtes utilisées par certains militants et responsables pour figurer sur la liste de candidature. Ce dernier se dit agacé par la désignation de certains ministres comme têtes de listes aux législatives dans certaines localités. Il a cité, comme exemple, le cas de l'ancien ministre, Abderrahmane Belayat, qui a été désigné à la tête de liste à Sétif. Une désignation qui a provoqué la colère des militants de la région, lesquels ont contesté cette décision. Devant ce refus, le membre du secrétariat politique s'est rétracté en comptant sur l'appui de la direction. La liste d'Alger continue de susciter des convoitises au sein du vieux parti. Ils sont nombreux à vouloir figurer dans cette liste. Des ministres, des députés et des membres du bureau politique se bagarrent pour paraître sur cette liste.
La confection des listes électorales est un véritable casse-tête pour le parti. Avec 3400 dossiers de candidature, le choix sera difficile à faire.
La carte des jeunes sera un défi difficile à relever pour le parti. Pourtant, dans son discours de jeudi dernier le président de la République a insisté encore une fois sur la nécessité d'associer les jeunes à la vie politique. Devant les pressions exercées par les hommes friqués et des anciens responsables et face à la révolte des jeunes militants, le secrétaire général sera certainement dépassé. L'annonce des candidatures risque de provoquer une véritable crise au sein du parti majoritaire.
Les jeunes promettent d'aller jusqu'au bout dans leur action. Affaibli déjà par le mouvement de redressement et de l'authenticité, le parti aura du mal à résister à une seconde mutinerie.