"Les jeunes d'origine algérienne sont très attachés à leur l'histoire"

Des militants du Parti communiste algérien se sont engagés pour l'indépendance de l'Algérie. Maurice Audin et Fernand Iveton y ont laissé leur vie, Henri Alleg a subi "la Question" et bien d'autres ont servi la Révolution jusqu'à la victoire. Aujourd'hui encore, chevillés à cette tradition de solidarité, nombreux sont les communistes français qui ?uvrent pour une fraternité entre les peuples des deux rives. C'est le cas de Michèle Decaster, cadre de l'administration à la retraite et secrétaire générale de l'Afaspa (Association française d'amitié et de solidarité avec les peuples d'Afrique) qui a bien voulu répondre aux questions de Liberté.Liberté : Quels sont les objectifs de l'Afaspa '
Michèle Decaster : C'est une association créée dans les années 1970 pour informer en France de ce qui se passait en Afrique, une dizaine d'années après les indépendances. On continue de piller ce continent, et notre rôle est de parler de l'histoire de l'Afrique, ses cultures et les enjeux d'aujourd'hui.
À propos de l'Algérie, nous présentons à chaque occasion notre exposition qui a été réalisée lors du cinquantenaire de l'indépendance, et qui relate l'histoire de l'Algérie, de l'antiquité à nos jours.
Utilisez-vous d'autres supports '
Oui, nous avons une revue, Aujourd'hui l'Afrique, qui a consacré un numéro spécial à l'Algérie à la même occasion.
On y trouve des articles relatifs au rappel chronologique de la colonisation et de la guerre d'Algérie, aux pères fondateurs du mouvement national algérien, à Frantz Fanon, à l'affaire Iveton, aux soldats français qui ont refusé la guerre d'Algérie, à l'équipe de football du FLN, etc. Il existe aussi un cycle de cinéma sur des films comme la Bataille d'Alger et des films contemporains sur l'Algérie où des acteurs de l'époque parlent de certaines actions.
Une bande dessinée a été consacrée à l'équipe de football du FLN.
Le livre intitulé Femmes d'Afrique bâtisseuses d'avenir donne la parole à des Africaines dont bien sûr des Algériennes : Lucette Hadj-Ali, Nabila Touizi, Naïma Laouadi, Sihem Bekhit, Zazi Sadou? Comme contribution à la lutte du peuple sahraoui, j'ai écrit un ouvrage intitulé Irréductibles Sahraouis, femmes et hommes en résistance, composé de récits de vie d'une soixantaine de personnes collectés par moi-même au Sahara occidental de 2002 à 2014.
Quelles sont les motivations de votre intérêt pour l'Afrique, l'Algérie '
C'est une histoire de famille. Mon grand-père a été fusillé par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale pour cause de résistance. Mes parents, communistes, militants syndicalistes, m'ont élevée dans la solidarité et la justice.
La colonisation fut une injustice. Tout naturellement, j'en suis venue à militer pour ces valeurs, notamment quand j'étais adjointe au maire d'Argenteuil. C'est d'ailleurs à cette époque que j'ai accueilli des enfants des camps de réfugiés sahraouis et que j'ai découvert le Sahara occidental à travers ces enfants. J'ai également visité plusieurs fois l'Algérie dont j'ai apprécié la beauté et la richesse culturelle.
Vous côtoyez les jeunes issus de l'immigration, sont-ils assimilés ou attachés à leur culture d'origine '
Les jeunes d'origine algérienne sont très attachés à leur culture et à l'histoire de leur pays d'origine. Ce n'est pas n'importe quel peuple, c'est un peuple de résistance, et les jeunes générations s'en revendiquent, même si elles ne connaissent que des bribes de l'histoire de l'Algérie, parce qu'on ne l'enseigne pas en France.
Ils parlent du "bled" même si certains n'y sont jamais allés. C'est un attachement sentimental. L'enseignement de leur histoire relève de la responsabilité des deux pays. Dans tous les cas, il faut sortir du folklore et aller vers la culture, la littérature, les arts et tout ce qui fait la culture d'un peuple.


ali bedrici