Les Italiens et nous

Le Président italien est arrivé hier à Alger pour une visite d'Etat de deux jours. De manière générale, le séjour dans notre pays de hauts responsables de grands Etats d'Europe et des autres continents est toujours un moment de grande actualité. Depuis deux décennies au moins, ce genre d'échanges s'est fait tellement rare qu'il est passé au rang de grand événement. Il y a eu le terrorisme et ce qu'il a charrié comme positionnement politique dans le monde, il y a eu les scandales économiques qui n'ont pas vraiment aidé à attirer du monde à Alger et puis les derniers événements qui n'ont pas été trop lisibles pour la communauté internationale. Mais le partenariat entre Etats et entre pouvoirs n'est pas tout dans les relations entre les pays. Entre peuples du monde, il y a toujours des partages, des spontanéités et des natures... Enfin un certain nombre de petites et grandes choses, subjectives et objectives, qui vont au-delà des partenariats d'intérêts et des manifestations qui les accompagnent, les plus formelles comme les visites de courtoisie et les différents protocoles compris. Evidemment, les affinités entre les hommes de deux pays comme l'Algérie et l'Italie, une fois n'est pas coutume, ne sont pas loin des rapports entre les deux Etats. Mais il y a des choses que toutes les ententes politiques du monde ne peuvent pas intégrer. Quand en l'été 1982, les Algériens sont descendus dans la rue pour fêter la... Squadra Azzurra qui venait de remporter la Coupe du monde en Espagne, il y avait certes cette arrière-pensée, évidente pour tout le monde : la sélection italienne venait de... venger les Verts honteusement éliminés au premier tour, en battant en finale l'Allemagne, instigatrice de la piteuse combine avec le «cousin» autrichien. Mais il n'y avait pas que ça. Les Algériens ont toujours considéré, parfois à tort d'ailleurs, que les Italiens leur «ressemblaient» naturellement, qu'ils avaient la Méditerranée et un sale caractère en commun et quelques fascinations de leurs «amis» qu'ils partagent avec le reste du monde. Le cinéma néoréaliste, la... mafia, le sud miséreux face à un nord prospère, les smala systématique, la mama sacrée et quelques stars légendaires. Entre les Italiens et nous, il y a certes une bienveillance historique jamais prise en défaut mais il y a aussi des choses plus simples qui font le reste.S. L.