Algérie

Les islamistes tentent de rassurer sur le tourisme



Selon l’AFP, le parti de la Liberté et de la Justice (PJL), issu de la confrérie des Frères musulmans, a organisé hier une conférence intitulée «Encourageons le tourisme» au Caire. Parallèlement, des membres du PJL ont visité les pyramides de Guizeh pour montrer «le soutien des Frères musulmans au tourisme», ont-ils déclaré, tandis que le guide suprême de la confrérie, Mohammed Badie, a posé devant des photographes, serrant la main de touristes à Louxor (centre). Dans le même temps, les partisans du parti salafiste Al Nour, qui ont remporté près de 25% des voix lors de la première phase des législatives, ont animé une conférence à Assouan (sud) pour rassurer les employés de l’industrie touristique et les investisseurs. Nader Bakkar, le porte-parole d’Al Nour, a affirmé que cette conférence réunissait des professionnels du tourisme «pour soutenir l’industrie touristique» en Egypte, dont les sites pharaoniques et les stations balnéaires de la mer Rouge emploient 10% de la population active. «Nous ne voulons pas interdire le tourisme, au contraire, nous voulons multiplier les revenus du tourisme», a-t-il assuré samedi sur la chaîne satellitaire CBC. «Al Nour ne veut pas interdire le tourisme balnéaire. Mais nous voulons un tourisme ‘‘halal’’ avec des ‘‘plages non-mixtes’’», a-t-il ajouté. La poussée islamiste aux législatives a provoqué l’inquiétude en Egypte, notamment après les déclarations des salafistes appelant à imposer le foulard aux touristes étrangères, leur interdire d’aller à la plage en maillot de bain, ou encore bannir l’alcool dans les stations touristiques. Le secteur, depuis la révolte du début d’année ayant chassé le président Hosni Moubarak, peine à se relever et prive l’Egypte d’une part de ses rentrées en devises.
Inquiétude sur l’économie
La victoire des islamistes lors des élections législatives doublée d’un discours non rassurant des salafistes suscitent des inquiétudes sur la situation déjà précaire de l’économie. «La fonte des réserves en devises et le repli du tourisme compliquent sérieusement la situation économique», explique Samer Souleimane, professeur d’économie à l’université américaine du Caire. «Les scores importants des partis islamistes lors de la première phase des élections législatives rendent frileux les investisseurs», a-t-il ajouté. Le secteur du tourisme, autrefois locomotive de l’économie avec près de 15 millions de visiteurs en 2010, a plongé avec les troubles du début d’année, et peine toujours aujourd’hui à remonter la pente. La chute des recettes touristiques contribue à la fonte des réserves en devises du pays, qui sont passées depuis le début de l’année de 36 à 20 milliards de dollars. L’armée au pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak a fait savoir qu’elle a puisé dans ses propres fonds un milliard de dollars pour renflouer les réserves de changes déclinantes de la Banque centrale. Ces réserves pourraient atteindre le chiffre critique de 15 milliards en février 2012, seuil à partir duquel il deviendra difficile d’assurer l’importation de produits essentiels pour la population, en particulier le blé dont l’Egypte est le plus gros importateur mondial avec quelque 10 millions de tonnes. Les prix des produits de première nécessité ont déjà augmenté cette année, avec une inflation qui a atteint en novembre 9,1%, selon des chiffres officiels publiés samedi.  Les investissements étrangers ont quant à eux reculé de 67,6% cette année, à 2,2 milliards de dollars contre 6,8 milliards l’année dernière. «L’économie restera faible sous ce nouveau gouvernement, à cause de l’instabilité sociale et politique», a observé Alia Mamdouh, analyste économique à la Banque égyptienne d’investissement CI Capital.   Loin des taux de 5 à 7% d’autrefois, «la croissance du PIB égyptien pour l’année budgétaire 2011-2012 est inférieure à 2%, bien moins que ce que le gouvernement avait annoncé auparavant, en évoquant 3,2%», souligne-t-elle. «Il est également prévu d’augmenter le déficit budgétaire au cours du présent exercice pour atteindre 10,6% du PIB, contre un objectif de déficit fixé à 8,6% par le gouvernement», relève-t-elle encore. Le nouveau ministre des Finances, Moumtaz Saïd, a toutefois assuré qu’il était encore « trop tôt » pour dire si son pays allait recourir à un prêt de 3,2 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI) pour faire face à ces difficultés.
 


 
 


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