Le «passé» Moubarak et fils est en passe d'être soldé. La peine de mort a
été requise contre celui qui était présenté comme le dernier des pharaons. Mais
le passé politique, celui qui neutralise l'Egypte par les accords de Camp David
reste de mise. Les islamistes égyptiens ont donné des «garanties» à Washington
qu'ils ne le remettront pas en cause. Hosni Moubarak est devenu le premier
président d'Egypte à faire face à une demande de condamnation à mort. Même si
les services de sécurité et l'armée ont refusé de collaborer à un procès que
les opposants présentent comme à décharge, l'accusation est restée inflexible.
Après avoir été dénoncé au début du mois comme un «dirigeant tyrannique» qui a
cherché à céder le pouvoir à son rejeton, un procureur a requis, jeudi, la
peine de mort contre le président déchu. Durant le long règne du «Raïs», des
centaines de personnes sont passées dans la cage d'accusation et ont entendu
des réquisitions à la peine capitale contre eux. Jeudi, Hosni Moubarak dans sa
civière a entendu, à son tour, le procureur Moustafa Khater
réclamer sa tête. «L'accusation réclame la peine maximale contre Moubarak et
les autres accusés, à savoir la peine de mort par pendaison». Avec un argument
arithmétique et juridique aussi simple que redoutable : quand on tue une seule
personne, on encourt la peine de mort. Quand il est question de centaines de
morts, la cause est entendue. Et comme toujours dans les prétoires égyptiens,
le réquisitoire ne s'est pas déroulé dans le silence. Des avocats se sont
laissés aller aux applaudissements et aux acclamations pour cet appel à
«pendre» le Pharaon. Le procureur avait également mis le doigt sur le
comportement des «nouvelles» autorités égyptiennes qui ont «délibérément refusé
de coopérer avec l'accusation», pour déterminer la responsabilité du dictateur
déchu dans le meurtre des 850 manifestants tombés place al-Tahrir,
lors du soulèvement populaire de janvier. Moubarak est également jugé pour
corruption.
UNE RESPONSABILITE LEGALE ET POLITIQUE
Des accusations qui visent également ses deux fils, Alaa
et Gamal, jugés en même temps que lui. Pour
l'accusation, Moubarak doit assumer la responsabilité légale et politique de ce
qui s'est passé… «Le président de la République est responsable de la
protection du peuple, la question n'est pas seulement de savoir s'il a donné ou
non des instructions pour tuer les manifestants, mais, au-delà de ça, de savoir
pourquoi il n'est pas intervenu pour arrêter la violence contre ces
manifestants», a affirmé le procureur. Moubarak a cependant eu de nombreux
témoignages favorables de policiers, ce qui a conduit les avocats des parties
civiles à dénoncer un «procès à décharge». La date du verdict d'un procès qui
tente de solder une petite partie du passé de l'Egypte, celui du clan Moubarak,
n'est pas encore connue. Mais les Américains se rassurent déjà : le statut et
le rôle «passé» de l'Egypte ne vont pas être remis en cause par le nouveau
cours. C'était d'emblée une évidence avec les militaires qu'ils connaissent
parfaitement et à qui ils versent annuellement une aide de plus de 1,3 milliard
de dollars. La «petite» inconnue concernait l'attitude des Frères Musulmans qui
sont en passe d'emporter les élections législatives et peuvent aspirer à
gouverner.
TOUCHER A CAMP DAVID,
C'EST BEAUCOUP HARAM !
Les FM avaient rapidement envoyé des signaux qu'ils ne remettraient pas
en cause les accords de Camp David. Et c'est, selon toute probabilité, cela qui
est à la base de l'accord, au moins tacite, entre eux et l'armée pour
stabiliser la situation. Désormais, on n'est plus dans les signaux mais dans
les engagements formels. Selon la porte-parole du département d'Etat US,
Victoria Nuland, le mouvement des Frères Musulmans
égyptiens a fourni aux États-Unis des garanties quant au respect du traité de
paix avec Israël. «Ils ont pris des engagements envers nous à cet effet. Nous
avons eu à ce sujet de bonnes garanties de la part de différents interlocuteurs
et nous continuerons à chercher à en obtenir à l'avenir». Les Américains l'ont
déjà fait et ils le rappellent. Ils attendent de «tous les acteurs politiques
(en Égypte) qu'ils respectent (...) les obligations internationales du
gouvernement égyptien», a ajouté Mme Nuland. C'est le
«passé» de l'Egypte qui ne se solde pas aussi facilement que le cas de Moubarak
et sa très corrompue progéniture. Un passé qui «neutralise» l'Egypte et en fait
un bouclier politique pour Israël.
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Posté Le : 07/01/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com