Algérie

LES ISLAMISTES ANNONCENT LEUR VICTOIRE AU REFERENDUM SUR LA CONSTITUTION EN EGYPTE Le passage en force des Frères musulmans



L'Egypte est plus que jamais à la croisée des chemins. Hier, les Frères musulmans, qui dirigent désormais le pays, ont accompli la deuxième phase du passage en force pour imposer une nouvelle constitution inspirée de la Charia. Le parti au pouvoir, le Parti pour la liberté et la justice, branche politique de la confrérie, et la presse gouvernementale de la même obédience ont annoncé, hier, une large victoire du «oui» au référendum sur la Constitution.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - La deuxième phase de ce vote tenue samedi dernier dans dix-sept gouvernorats a ainsi conforté les résultats de la première phase du 15 décembre dernier. L'annonce des résultats officiels est, certes, attendue pour aujourd'hui lundi. Mais d'ores et déjà, le parti de Mohamed Morsi et sa presse annoncent 64% de suffrages favorables à la nouvelle Constitution, avec un taux de participation estimé à 31%. Le PLJ se permet même de commenter la victoire anticipée : «Le peuple égyptien continue sa marche vers la finalisation de la construction d'un Etat démocratique moderne après avoir tourné la page de l'oppression.» Ce à quoi réplique l'opposition laïque, fédérée dans le Front du salut national, par le rejet pur et simple de ses résultats «qui sont dus à la fraude, aux violences et aux irrégularités », a expliqué l'un de ses dirigeants lors d'une conférence de presse. Une opposition qui annonce sa décision consistant à faire appel et de saisir la haute commission chargée de superviser le référendum. Un référendum qui divise l'Egypte comme jamais et dont le processus connaît des pics dangereux d'affrontements de rue, entre les deux camps dont les plus sanglants, début décembre, avaient fait 8 morts. La confrontation risque de connaître une dangereuse escalade avec cet entêtement du président Morsi et de ses troupes islamistes à mener l'opération jusqu'au bout, en dépit du rejet violent exprimé par l'autre moitié du pays, de la démission du procureur général de l'Egypte, imité par le vice-président et la détermination du Front du salut national à la faire avorter. Selon le FNS, le texte constitutionnel controversé est «restrictif, répressif et ne respecte pas la diversité de l'Egypte». Ce qui est tout à fait vrai, du reste. Faisant de la duplicité dans le discours et la propension à la traîtrise leur seconde doctrine, depuis l'émergence de leur mouvement en 1928, dans la ville d'Ismaïlia, le mouvement des Frères musulmans de Hassan El Bana, le plus ancien, le plus structuré et le plus dangereux de tous les mouvements islamistes, est en train d'accomplir, en cette fin 2012, ce qu'il a toujours fait : abattre définitivement l'opposition laïque avec laquelle il s'était un moment allié après la chute de Moubarak, exactement de la même manière avec laquelle il s'était allié avec l'armée qu'il laminera par la suite, et, auparavant encore avec Moubarak contre la gauche, Sous Anouar Sadat, les Frères avaient scellé une alliance avec le «Raïs» contre l'extrême gauche et les communistes, avant de l'assassiner en 1981. Ils avaient également soutenu Gamal Abdenasser contre le roi Farouk en 1952. C'était la tentative d'assassinat ratée contre Abdenasser qui leur a valu la plus grande vague de répression de leur histoire, 20 000 d'entre eux finiront en prison et leur leader, Said Kotb, condamné à mort et exécuté. C'est dire à qui les démocrates égyptiens ont réellement affaire. Des islamistes foncièrement fanatiques et qui, en plus, agissent pour la première fois de leur histoire en position de force !


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)