60% des fruits et légumes échappent aux marchés de gros
Pour combler le déficit en matière d’infrastructures commerciales et limiter au maximum le champ des pratiques spéculatives à l’origine de la hausse vertigineuse des prix des fruits et légumes, le gouvernement a débloqué 40 milliards de DA.
Cette enveloppe ser-vira à faire aboutir le programme d’action quinquennal visant la réalisation d’une cinquantaine de marchés de gros à travers le territoire national. Dans une étude menée il y a deux années par les services du ministère du Commerce, il en ressort que près de 60% des quantités de fruits et légumes disponibles sur le marché national, soit environ 8.500.000 tonnes dont 300.000 issues de l’importation essentiellement des bananes, des pommes et des poires, ne transitent pas par les marchés de gros. L’équivalent donc de 5.600.000 tonnes est écoulé sur le marché parallèle, soit directement aux collectivités locales, soit aux industries de transformation, notamment celle de l’agroalimentaire. Intervenant sur les ondes de la chaîne III, Ouali Yahiaoui, directeur général de la régulation et de l’organisation des activités au département du Commerce, a estimé qu’à l’heure actuelle les marchés de gros présentent de réels dysfonctionnements et même une anarchie totale en raison, dans une certaine mesure, de l’état de délabrement avancé de ces larges espaces de commerce. Sur les 42 marchés de gros opérationnels aujourd’hui sur le territoire national, trois seulement peuvent être, selon lui, considérés comme étant de véritables marchés à part entière. Il s’agit de celui de Hatatba, de Mostaganem et prochainement celui de Constantine. Ceci pour dire que le nombre de marchés de gros, se comptant sur le bout des doigts, demeure très insuffisant pour couvrir et organiser le maillage d’un vaste pays comme l’Algérie. D’autre part, cette anarchie est principalement liée, ajoute-t-il, aux pratiques spéculatives dues à l’intervention assez souvent des intermédiaires qui alimentent généralement le marché parallèle des fruits et légumes, faisant que le prix de la pomme de terre dépasse tout entendement, la tubercule étant cédée 80 DA le kilo. Ceci dit, les déficits de production de ces produits de base, explique-t-il, a fait que les quantités acheminées par les fellahs font l’objet, dans la majorité des cas, de ventes successives en 2ème, 3ème ou 4ème main et du fait que le producteur trouvera où écouler sa production soit dans le cadre de la vente à la commission ou de vente direct aux mandataires. Ce qui lui permettra de s’occuper uniquement de son activité tout en sauvegardant ses intérêts. Du coup, le gouvernement, lors d’une réunion interministérielle tenue avec le département du Commerce et présidée par le chef de l’Exécutif, a pris tout récemment (le 5 mars) un certain nombre de mesures relatives à la régulation des marchés de gros. Aussitôt, un programme d’action en matière de réalisation d’importantes infrastructures commerciales sur une période de cinq ans est mis en avant. Une importante enveloppe financière, de l’ordre de 40 milliards DA, a été dégagée, d’après l’adjoint de M. Djaaboub, pour la réalisation de trois types de structures. Il s’agit en premier lieu de quatre marchés de gros à vocation nationale qui seront installés, le premier à l’Est du pays, du côté de la région de Annaba, le second dans les Hauts-Plateaux, le troisième dans la Mitidja et le dernier dans la wilaya d’Oran où le choix du terrain a été déjà opéré près d’El Karma. En second lieu, le gouvernement a décidé la mise en place de 21 marchés de gros à vocation régionale, desservant trois ou quatre wilayas, et enfin de 25 autres marchés de gros à vocation locale qui ont à répondre notamment aux besoins des détaillants et des petits producteurs. Concernant les marchés de détail qui sont actuellement au nombre de 977, la démarche du gouvernement tablait sur la réalisation au niveau de chaque commune ou cité à forte densité de population et dépourvue d’infrastructures commerciales en la matière, la mise sur pied de deux types de marchés, ceux couverts et des marchés de proximité, afin de résorber toutes les activités qui s’exercent dans le cadre informel. Le second volet du programme est plutôt liée aux décisions arrêtées en matière d’affectation des assiettes foncières pour pouvoir concrétiser tous les projets et qui seront, entre autres, à la charge des wilayas et des communes disposant de ressources financières suffisantes, du budget de l’Etat, des associations professionnelles, à savoir l’UGCAA et des investisseurs privés ou étrangers. Enfin, l’intervenant a trouvé malheureux d’importer divers produits agricoles alors que le pays peut les produire. Sauf si le marché est, selon lui, déstabilisé et que le prix d’un produit donné atteint des niveaux qui dépassent la possibilité du pouvoir d’achat des citoyens. A ce moment-là, a-t-il conclu, l’importation ne sera pas à exclure.
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Posté Le : 22/03/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com