Algérie

Les intégristes de l'EIIL, les talibans de l'Irak



Les intégristes de l'EIIL, les talibans de l'Irak
L'Eiil, qui est dirigé par Abou Bakr al-Baghdadi et compte entre 5 000 et 6 000 hommes bien armés et aguerris au combat, est à moins de 100 kilomètres de Baghdad sur laquelle cette armée marche à partir de la province d'Al-Anbar à l'Ouest, de celle de Salaheddine au Nord et de celle de Diyala à l'Est. N'ayant rencontré aucune résistance, les militaires ayant fui abandonnant uniformes, armes et véhicules blindés, les milliers de combattants de l'Eiil ont réussi à prendre depuis mardi Mossoul et sa province Ninive (Nord), Tikrit et d'autres régions de la province de Salaheddine, ainsi que des secteurs des provinces de Diyala (Est) et de Kirkouk (Nord). Ils contrôlent depuis janvier dernier Fallouja,à 60 kilomètres à l'ouest de Baghdad. L'arrivée des islamistes armés aux portes de Baghdad a jeté l'effroi au sein de la population, qui sait la sauvagerie et les atrocités dont est capable ce groupe radical qui d'ailleurs a annoncé une nouvelle campagne d'attentats à laquelle il a donné le nom de «La marche», sans donner de précisions pour justement semer la terreur. La peur de voir ces nouveaux talibans imposer leurs lois intégristes dans la ville et le pays est d'autant plus justifiée que l'Etat irakien et son armée ont montré leur incapacité à mettre un terme à l'avancée des intégristes armés qui étaient basés dans l'ouest irakien et se sont infiltrés, via la frontière très poreuse, en Syrie où ils tiennent de larges secteurs frontaliers. L'armée irakienne a bien lancé des raids aériens sur des positions tenues par l'Eiil dans le centre de Tikrit, mais ses hommes, au sol, ont abandonné leurs positions à l'Eiil après s'être délestés de leurs uniformes et de leurs armes. Le ministre des Affaires étrangères irakien, Hoshyar Zebari, a d'ailleurs admis que les forces armées s'étaient «effondrées», notamment à Mossoul. L'armée est minée par les dissensions confessionnelles, et ses membres, notamment les officiers, sont accusés de corruption. Le gouvernement n'est pas mieux loti. Le Premier ministre, Nouri El Maliki, un chiite, a su s'attirer les foudres des sunnites et de ses opposants chiites qui l'accusent de les persécuter, d'ailleurs, l'armée de l'Eiil a été saluée par la population sunnite dans certaines régions conquises. Son gouvernement est paralysé par les divergences entre forces politiques.Désarmé et dans l'incapacité totale de constituer un front contre la nouvelle menace intégriste, El Maliki s'est tourné vers les tribus pour «former des unités de volontaires» qui viendraient en aide aux forces militaires affaiblies. Mais, pour donner l'impression que l'Etat est présent sur le front, le gouvernement a annoncé la mise en place d'un plan de sécurité pour défendre Baghdad, incluant un déploiement massif de forces de sécurité et un renforcement du renseignement, tout en soulignant que les civils s'étaient portés volontaires pour aider à protéger la capitale.L'appel du Premier ministre sera relayé par celui de la plus haute autorité religieuse chiite du pays, l'influent grand ayatollah Ali Al-Sistani, qui a appelé les Irakiens à prendre les armes contre les combattants de l'Eiil. De son côté, l'ancien leader du mouvement chiite, Moqtada Sadr, a décidé de rompre le silence dans lequel il s'était muré, et a annoncé sa disponibilité à contribuer avec le gouvernement pour éradiquer la menace des intégristes sunnites. «Je ne peux pas rester silencieux et les mains croisées face au danger qui guette les lieux saints. Donc, je suis prêt à travailler en coordination avec le gouvernement afin de former des brigades de la paix qui défendront les sites religieux [...]. J'annonce que mes partisans et moi sommes prêts à aider à former ces brigades afin de défendre nos lieux sacrés face aux offensives des forces obscurantistes», déclarera-t-il dans un communiqué.Et c'est certainement ces appels aux armes et à la formation d'unités de volontaires qui confortent la conviction de la population irakienne et des capitales occidentales que le pouvoir irakien ne pourra pas stopper l'Eiil, encore moins anéantir son armée. Cette évolution de la situation a d'ailleurs fait réagir le président américain, Barack Obama, qui a déclaré que son équipe de sécurité nationale étudiait «toutes les options», tout en excluant des troupes au sol. Interrogé sur la demande d'El Maliki d'un soutien aérien aux troupes irakiennes en débandade après la chute de Mossoul, la deuxième ville du pays, M. Obama, intervenant de son bureau à la Maison-Blanche, en marge d'une rencontre avec le Premier ministre australien, Tony Abbott, dira : «Ce que nous avons vu au cours des derniers jours montre à quel point l'Irak va avoir besoin de plus d'aide, de la part des Etats-Unis et de la communauté internationale [...]. Nous travaillons sans relâche pour identifier comment leur fournir l'aide la plus efficace. Je n'exclus rien. L'Irak va avoir besoin de plus d'aide de la part des Etats-Unis et de la communauté internationale. Notre équipe de sécurité nationale étudie toutes les options.» Le président américain soulignera qu'il y a «un enjeu» pour les Etats-Unis à «assurer que ces djihadistes ne s'installent pas de façon permanente en Irak, ou en Syrie d'ailleurs». Un peu plus tard, le Pentagone a confirmé qu'en effet rien n'était exclu, sauf l'envoi de troupes au sol. Un responsable américain évoquera de possibles frappes aériennes par des drones.La position d'Obama est du pain béni pour les républicains qui critiquent vertement sa politique aussi bien en Irak qu'en Syrie et en Afghanistan. Ils lui reprochent de n'avoir pas réussi à négocier un accord pour le maintien d'un contingent de quelque 10 000 GI en Irak, après le retrait du 18 décembre 2011, pour assurer des missions antiterroristes, ce qui, selon eux, aurait permis d'arrêter l'avancée de l'Eiil, dont la montée était signalée depuis longtemps. L'ex-médiateur de l'ONU en Syrie, Lakhdar Brahimi, a prévenu il y a une semaine du risque d'une «deuxième Somalie» en Syrie et d'une «explosion de toute la région» autour, si aucune solution n'était trouvée. La Syrie va devenir «une deuxième Somalie. On ne va pas assister à une scission du pays, comme beaucoup le prédisent, mais la Syrie va devenir un Etat en déliquescence, où règnent des seigneurs de guerre», a prédit M. Brahimi, dans une interview à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. «À long terme, toute la région va exploser, si aucune solution n'est trouvée. Ce conflit ne reste pas limité à la Syrie, il déstabilise déjà le Liban», a déclaré M. Brahimi, qui a démissionné en mai dernier de sa mission. M. Brahimi a pointé du doigt l'Eiil qui «est actif en Syrie et en Irak. La Jordanie peine déjà à tenir bon, c'est la même chose pour la Turquie. Ces trois derniers mois les combattants de l'Eiil ont perpétré 100 attentats en Syrie et 1 000 en Irak».Avec des ressources financières provenant principalement de la vente de pétrole dans les zones déjà sous son contrôle et des réserves de la Banque centrale de Mossoul, qui se chiffreraient à 492 millions de dollars, l'Eiil est une organisation terroriste riche, puissante et bien armée qui pourrait rééditer le dramatique exploit des talibans en Afghanistan si rien n'est fait pour l'anéantir.H. G.




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