Algérie

Les insurgés attendent l'aide internationale: L'armée de Kadhafi approche de Benghazi



Une à une, les villes aux mains des insurgés tombent comme des feuilles mortes dans une Libye en proie à ce que beaucoup d'observateurs qualifient de début de guerre civile qui menace le pays, que le Guide de la Révolution ne veut pas quitter.

Le rapport des forces entre l'opposition et les forces loyalistes au régime de Kadhafi est en train de tourner dramatiquement en faveur de ces derniers, alors que partout fusent des appels à une intervention internationale pour sauver la «révolution» libyenne. Si les Européens et les Américains hésitent encore et palabrent trop pour se mettre d'accord pour une zone d'exclusion aérienne qui clouerait au sol les avions de Kadhafi, la Ligue arabe a tout simplement donné mandat à l'ONU pour une telle extrémité, samedi lors d'un conseil extraordinaire consacré à la situation en Libye. Tous sauf l'Algérie et la Syrie. Les ministres arabes des Affaires étrangères «se sont mis d'accord pour inviter le Conseil de sécurité (de l'ONU) à assumer ses responsabilités et à imposer une zone d'exclusion aérienne pour protéger le peuple libyen», a affirmé samedi un diplomate sous le couvert de l'anonymat.

«La décision de la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne a été acceptée par les ministres arabes à l'exception de ceux d'Algérie et de Syrie», a-t-il ajouté. La Ligue arabe est formée de 22 membres mais le régime libyen a été exclu des réunions après la répression de l'insurrection.

«Les ministres ont décidé d'ouvrir des canaux de contact avec le Conseil national de transition (CNT) en Libye pour aider le peuple libyen», a-t-il encore dit. Face à la poursuite de la répression sanglante de la révolte qui a fait des centaines de morts et poussé à la fuite plus de 250.000 personnes, la Ligue arabe a aussi estimé que le régime libyen avait «perdu sa légitimité» et annoncé son soutien à l'opposition. Sur le terrain des opérations, les forces loyalistes progressaient hier dimanche vers Benghazi, siège de la rébellion dans l'est de la Libye, après avoir reconquis de nouvelles villes à coups d'obus et de raids aériens, en l'absence d'une décision sur une zone d'exclusion aérienne. La ligne de front s'est déplacée ainsi davantage vers l'est, les villes tenues par les rebelles tombant l'une après l'autre aux mains des troupes du régime de Mouammar Kadhafi qui s'est dit déterminé à venir à bout de l'insurrection malgré les protestations et sanctions internationales.

Les forces de Kadhafi en conquérants

Après Al-Uqaila sur la route côtière, c'est la localité d'Al-Bicher, plus à l'est, qui est désormais sous contrôle des loyalistes qui bombardaient aussi Brega, à quelque 240 km de Benghazi, quartier général du Conseil national de transition regroupant l'opposition. Hier, des dizaines d'insurgés se retiraient de Brega après de violents bombardements des forces du régime aux portes de cette ville de l'est de Libye.

Les forces loyales au régime de Mouammar Kadhafi ont pris le contrôle du village Al-Bicher, entre la ville Al-Uqaila et Brega, et avançaient vers cette ville située à 80 km à l'ouest d'Ajdabiya, ont indiqué des insurgés à l'AFP. Aux cris de «Allah Akbar», ils ont fui la ville à bord de véhicules transportant des batteries anti-aériennes de la DCA, se dirigeant vers la ville d'Ajdabiya à 80 km plus à l'est. La télévision d'Etat libyenne a ensuite confirmé que Brega avait été «purgée» des insurgés.

A Benghazi, à un millier de kilomètres de la capitale Tripoli, bastion des pro-Kadhafi, toutes les lignes des téléphones portables étaient coupées, les communications des opérateurs Libyana et Al-Madar ne fonctionnant plus. Mais, en dépit des mauvaises nouvelles du front, des volontaires quasi désarmés continuaient à s'enrôler à Benghazi. «Nous n'avons pas peur de cette armée composée à 90% de mercenaires. Nous pouvons les battre», a assuré l'un d'eux, samedi. Dans l'ouest du pays, Zawia, qui fut le bastion des insurgés le plus proche de la capitale, est tombée aux mains du régime après plus de deux semaines de résistance acharnée. En revanche, les insurgés contrôlaient toujours Misrata (150 km à l'est de Tripoli) mais des tirs d'armes automatiques étaient entendus aux abords de la ville, selon un habitant. Plusieurs villes du nord-ouest, dont la région montagneuse du Jabal Al-Gharbi, sont également sous contrôle rebelle, selon des témoins. Pour la première fois, depuis le début du conflit le 15 février, la chaîne satellitaire Al-Jazira, a annoncé la mort d'un de ses journalistes en Libye, un cameraman tué samedi dans une embuscade, près de Benghazi.

L'Expectative

Malgré les gains remportés par le régime dans sa contre-offensive, la communauté internationale semble lente à agir. Après des réunions de l'Otan et l'Union européenne qui n'ont pas abouti à des résultats concrets pour stopper la répression, une nouvelle rencontre ministérielle du G8 est prévue aujourd'hui, lundi à Paris. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et ses homologues européens devront se pencher à Paris, sur la question de la zone d'exclusion aérienne et se concerter avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, la position de Moscou restant également floue. Jusqu'à présent, les Européens, divisés entre eux, hésitent à instaurer une telle zone, même s'ils ont souligné la possibilité d'utiliser «toutes les options» contre M. Kadhafi, qui reste sourd aux appels à arrêter la répression et à s'en aller après plus de quatre décennies de règne. Le coordinateur des affaires humanitaires de l'ONU pour la Libye était entre temps à Tripoli pour des entretiens sur l'accès des Libyens à l'aide humanitaire. Plus de 250.000 personnes auraient quitté la Libye depuis le 15 février dernier.




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