Algérie

Les inquiétudes des pays de l?Est



Invités par la Commission européenne pour discuter de la politique de voisinage, les pays de l?Europe de l?Est ont vite compris qu?une fois qu?ils y adhéreront, ils seront privés de l?élargissement de l?Union européenne.Ceux des pays présents hier à Bruxelles ne se sont pas gênés pour aligner leurs priorités. Ils ont revendiqué plus de souplesse dans les procédures de visa et des aides concrètes techniques et financières pour la relance de leurs économies respectives. Ils sont aussi venus pour plaider la cause de ceux absents, comme la Croatie ou la Serbie, pour défendre leur droit d?intégrer l?Union européenne. Un droit qu?ils font leur, même s?ils ont compris que l?enjeu de la PEV est justement de les en priver. L?on précise dans les couloirs du centre de conférence Charlemagne à Bruxelles que »les pays de l?Est n?ont pas d?accords d?association et la PEV leur était initialement destinée». La Georgie par exemple ne sait pas encore si la PEV répond aux défis réels de son pays.Le représentant de l?Arménie s?excusera «de prendre aujourd?hui quelques distances géographiques mais également sur la méthode de la PEV». Celui de la Moldavie reprochera à l?UE de se tourner vers les pays des Balkans.Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire d?Etat français chargé des Affaires européennes, lui répond presque en rappelant les grands principes de la PEV qui se doit d?être «cohérente, concertée et durable pour une approche globale qui n?oppose pas l?Est et le Sud; elle est seulement différenciée parce qu?elle répond aux spécificités de chacun de nos partenaires». L?Azerbaïdjan estime que «les partenaires du Sud doivent partager le code de conduite de l?Europe».Jose Miguel Moratinos, le MAE espagnol, est venu à Bruxelles convaincu que le processus de Barcelone n?est pas mort. Faisant valoir le droit d?aînesse de son pays en matière de dialogue euroméditerranéen, il voudra persuader que «les débats sur l?Est et le Sud sont des polémiques stériles». Moratinos sera par ailleurs le seul à défendre l?idée du président français de la création d?une union méditerranéenne. «Il est important d?avoir une union méditerranéenne pour unifier l?espace euroméditerranéen,» dira-t-il.Notons que les responsables de la CE ont commencé par donner la parole aux représentants des pays adhérents de la PEV et ayant conclu des plans d?action dans ce cadre. Des pays qui ont tous fait part de problèmes importants dans la mise en oeuvre de ces plans d?action et de manquements de la part de la CE à leur égard. C?est le cas du Maroc, dont le ministre des Finances et de la Privatisation a demandé à ce que la PEV «soit enrichie par des flux financiers avec plus d?ouverture aux marchés européens». Il tient aussi à faire savoir «qu?il faut plus d?asymétrie entre l?UE et les pays voisins». Parce qu?il a «beaucoup de difficultés à gérer le phénomène», le Maroc «veut des aides pour juguler le problème de l?émigration clandestine pour laquelle il estime être malgré lui «le pays relais». Il précisera cependant que l?émigration légale doit aussi être aidée par l?UE.Le MAE tunisien, s?il fera savoir que «le plan d?action est mis en oeuvre de façon résolue» et que la PEV est pour son pays «un choix stratégique et assumé», il estimera aussi que «les objectifs annoncés demeurent généraux et largement en-decà des aspirations», non sans reprocher l?insuffisance de la concertation entre son pays et la CE.La Jordanie demande pour sa part à renégocier les barrières tarifaires et les règles d?origine qu?elle qualifie «d?extrêmement contraignantes». Elle dira aussi à propos des IDE que «nous n?avons pas vu beaucoup de flux arriver à notre pays». Elle veut que les pays «qui insistent sur les réformes soient récompensés». Israël a été représenté par son ministre des Retraites qui axera son intervention sur les capacités importantes de son pays en matière d?énergies renouvelables. «Israël est l?un des pays les plus avancés en matière d?énergie solaire et de source renouvelable pour remplacer une partie de l?énergie traditionnelle», dira-t-il. Il estime que «le désert du Sahara sera pendant de longues années fournisseur d?énergie solaire». A condition, selon lui, que «la Jordanie, Israël et l?Arabie Saoudite la produisent ensemble». Le ministre israélien fait aussi savoir «qu?une coopération fructueuse entre l?Europe et les pays de la PEV de la rive Sud aidera beaucoup à régler le problème de l?eau par la dessalinisation».El-Maliki, le ministre palestinien de l?Information, sera là pour lui répondre que «Israël refuse de respecter l?accord intermédiaire qu?il a signé avec les Palestiniens». Il dit haut et fort «qu?Israël exerce des pressions politiques sur l?Autorité pour ne pas respecter cet accord et opère des exportations illégales de certains produits pour financer les crimes de guerre contre les Palestiniens». Il dénonce «le régime de restrictions appliqué sur Ghaza et la Cisjordanie et le blocage des populations palestiniennes». Il pointe du doigt «les atteintes aux droits de l?homme, la destruction par Israël de la centrale électrique dont les conséquences seront dramatiques en 2008, puisque c?est Israël qui détient 98% de l?électricité pour la Palestine».L?ambassadeur égyptien sera le seul à intervenir en arabe pour dire qu?»il faut consacrer à la PEV le principe de l?appropriation» et se demande si elle ne va pas être remplacée par un accord régional puisque les Européens l?évoquent dans toutes leurs interventions. Il sera aussi le seul à lier la réussite de la PEV au règlement du conflit israélo-arabe. D?autant que cette politique repose essentiellement sur les grands principes de Barcelone, qui sont d?abord la réalisation d?une zone de stabilité et de paix en Méditerranée. Elle se fixe aussi comme objectif final et comme Barcelone, la création d?une zone de libre-échange.


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