Le président angolais, José Eduardo Dos Santos, jubilait en attribuant, en 2008, à son pays l'organisation de la CAN 2010.
Une bouffée d'oxygène pour son régime, une opportunité inespérée de montrer le visage « d'une unité nationale retrouvée ». Il décide même d'organiser des matches dans l'enclave de Cabinda. Mais il ignorait que l'organisation de la CAN est également une occasion très attendue pour le Front de libération de l'Etat de Cabinda (FLEC). A trois jours du début de la compétition africaine, cette organisation indépendantiste, d'obédience marxiste-léniniste, a fait parler d'elle. Elle est entrée en action en s'attaquant au bus transportant l'équipe togolaise, faisant trois morts. Un coup médiatique spectaculaire qui replace subitement le FLEC et ses revendications au devant de la scène nationale et internationale. Dans un communiqué signé FLEC/PM, les indépendantistes revendiquent l'attaque contre le bus togolais' : « Le Cabinda est un territoire occupé illégalement pas l'Angola et nous nous battons pour la libération de ce territoire. Cette opération commando n'est que le début d'une série d'actions ciblées qui va se poursuivre sans arrêt sur l'ensemble du territoire du Cabinda. » Le Cabinda, une enclave riche en pétrole (80% des réserves angolaises) est situé à l'extrême nord du pays. Enclavé entre la République démocratique du Congo (RDC, Congo-Kinshasa ou ex-Zaïre) et la République du Congo (Brazzaville), il est séparé du territoire principal par une bande côtière d'environ 60'km dépendant de la RDC. Il est bordé à l'ouest par l'océan Atlantique.L'opinion publique découvre ainsi une organisation politico-militaire indépendantiste. Créé officiellement au Congo Brazzaville en 1963, le FLEC est né de la fusion des trois mouvements existants à l'époque' : le Mouvement de libération de l'enclave du Cabinda (MLEC) de Luis Ranque Franque, le Comité d'action et d'union nationale du Cabinda (CAUNC) de Nzita Henriques Tiago et l'Alliance du Mayombe (Alliama) de António Sozinho. L'objectif était de se battre pour libérer le Cabinda des mains de l'occupant portugais. Au moment de l'indépendance de l'Angola en 1975, ce dernier a décidé d'annexer l'enclave. Un gouvernement en exil du FLEC, dirigé par le président Nzita Tiago, leader historique d'un bureau politique du FLEC en exil, est entré en conflit armé avec Luanda. Usé par trois décennies de conflit, Dos Santos engage des négociations de paix avec le Front pour le dialogue cabindais (FCD). Les deux parties parviennent à un accord de paix en 2006, mais le FLEC ne reconnaît pas cet accord et décide de continuer la lutte pour son indépendance. A 81'ans, Henrique Tiago Nzita, figure historique du FLEC, continue de diriger, de Paris où il réside, la lutte pour l'indépendance. Il accuse le régime de Luanda d'avoir pillé les richesses de l'enclave. Dans une interview, en janvier 2009, il avait déclaré : « Actuellement, la population souffre, la souveraineté doit revenir au Cabinda. Eduardo Dos Santos, le président angolais, n'a jamais tenu ses promesses envers le Cabinda' il permet délibérément les exactions sur la population cabindaise. La lutte armée doit donc continuer. » L'acte est joint à la parole.
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Posté Le : 10/01/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Hacen Ouali
Source : www.elwatan.com