Algérie

Les incontournables préalables



Trois semaines après son annonce par le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, dans son discours à la Nation du 3 juillet dernier, le panel de personnalités nationales devant diriger un dialogue national n'est toujours pas constitué. «Les consultations sont en cours et elles sont intenses et parfois très serrées», nous confie-t-on de très bonne source.Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Le contexte particulièrement délicat que traverse le pays rend la mission de ce panel d'autant plus cruciale qu'aucune erreur ne lui est permise. Surtout pas au démarrage !
Appelé à convaincre le plus grand nombre possible, parmi la classe politique, la société civile et les personnalités nationales, d'abord de prendre part au dialogue, ensuite sur la démarche et sa finalité, à savoir l'organisation de l'élection présidentielle, le panel en question doit, plus que tout, être crédible. De par sa composante humaine bien sûr, mais aussi de par la nature de sa relation avec le pouvoir.
Pressenti pour présider ce groupe, l'ancien président de l'Assemblée, Karim Younès, aurait, nous confie-t-on, signifié à la présidence qu'en aucun cas, il n'accepterait de mener une telle mission si le pouvoir ne procédait pas à la satisfaction de quelques préalables «non négociables». Il s'agit, nous précise-t-on, de «la libération de l'ensemble des détenus d'opinion ; la levée de l'interdiction d'accès à la capitale des manifestants de l'intérieur du pays ; la cessation de toutes les entraves contre les manifestations publiques», entre autres.
Il s'agit, là, d'un «SMIG» de gestes de bonne volonté attendu du pouvoir et qui sera de nature à débloquer la situation ou, du moins, permettre au futur panel d'entamer sa mission dans une atmosphère moins tendue.
Une mission de médiation extrêmement compliquée du reste en raison, notamment, des positions maximalistes des uns et des autres sur une scène politique nationale totalement recomposée au lendemain du 2 avril. Avec, d'un côté, une défunte coalition présidentielle, dont les partis restent certes toujours majoritaires , mais rejetés massivement et fermement par la rue et, de l'autre, une opposition répartie sur deux grands pôles, adoptant des positions se rejetant l'une l'autre et divergeant sur l'essentiel et même sur l'accessoire ! Et, plus que tout, la démarche, dans son ensemble, celle qui consiste à réunir toutes les conditions nécessaires à l'organisation de l'élection présidentielle dans les meilleurs délais, doit, surtout, convaincre l'opinion publique.
C'est, faut-il le rappeler d'ailleurs, le refus massif exprimé par les Algériens lors des marches hebdomadaires qui avait fait avorter le rendez-vous de la présidentielle du 4 juillet dernier. Ce qui plonge le pays dans une dangereuse crise politique, inédite et dont les répercussions, présentes et à venir, sont déjà assez lourdes.
Au plan politique, mais aussi économique. Avec un appareil étatique et administratif complètement tétanisé depuis six mois, c'est, déjà, l'économie nationale qui en prend un sacré coup. Fatalement, cela induirait des difficultés sociales, si la situation de crise venait à perdurer.
Le retour à un fonctionnement ordinaire des institutions et, donc, l'élection d'un président de la République est loin d'être une simple «coquetterie», loin s'en faut ! Elle devient un enjeu majeur, une urgence nationale et qui explique l'intransigeance de l'armée sur ce point en particulier. C'est dire, aussi, l'immense mission qui attend le panel, appelé à travailler dans un environnement déjà assez difficile. «La balle est dans le camp de la présidence. Il faut bien quelques mesures d'apaisement et des gestes de bonne volonté pour que le panel puisse convaincre», nous explique une autre personnalité nationale, sollicitée pour y figurer.
K. A.


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