Les incontournables de la RADP
Pour lancer sa campagne, le président Bouteflika a choisi Batna, en forme de retour sur les lieux du crime, là où un kamikaze avait essayé de faire sauter la Constitution et la Présidence. Et pour son premier discours, le Président a insisté sur la réconciliation nationale, son projet en forme de bilan. Une réconciliation qu'il a de nouveau qualifiée d'incontournable, puisqu'elle a servi à faire descendre les terroristes du maquis. « L'incontournabilité » est ici même ; il ne sert rien d'envisager une autre option que celle-ci, alors qu'un éradicateur sincère pourrait proposer qu'au lieu de faire descendre les terroristes du maquis, de les descendre tout court. Mais non, la négociation avec le GSPC n'est pas négociable et les Algériens le savent, la masse des incontournables est supérieure à la somme des options possibles.Tout comme il est incontournable pour Bouteflika de passer par Batna, lui-même est incontournable à la Présidence et tous les lièvres du jardin politique le savent, eux qui pensent plus à grignoter de la salade qu'à s'attabler devant un bon méchoui. Ahmed Ouyahia est impopulaire mais incontournable. Tout comme le FLN, artisan du parti unique mais partie du multipartisme. La crise du logement est incontournable, comme la cherté de la vie ou la moubayaâ. La seule chose qui est « contournable » est peut-être Berriane. Cette ville de la vallée du Mzab, régulièrement en proie à des affrontements ethnico-religieux, est située en plein sur la Nationale 1, cette longue route à connotation d'unicité inévitable et qui dessert tout le Sud.A chaque phase de violence, la route est fermée et pour cette raison, les pouvoirs publics, au lieu de régler le problème, préparent une voie de contournement qui l'éviterait. On devrait faire de cette ville la capitale de la « contournabilité ». Dans un pays où les incontournables sont si incontournables.
Posté Le : 22/03/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Chawki Amari
Source : www.elwatan.com