Les inconscients se justifient

Controverse - Les accidents meurtriers déplorés par les riverains des gares sont évoqués pour justifier les jets de pierres contre les trains. La mal vie, le chômage, le trafic, le vol de cuivre sont également évoqués par ces laissés-pour-compte.«Certes, il y a quelques années, le train fauchait un jeune, une femme, des vies humaines. Cela n'est pas banal au vu de l'amertume et des grands préjudices que cause ce genre d'accident. Mais ces dernières années, ce sont des dizaines de vies humaines qui sont happées par le train. Mon fils et ma fille figurent au lot des personnes tuées par les trains.
Pour ces raisons, je ne peux pas interdire à mon aîné de bombarder de pierres chaque passage de train», nous dit d'emblée ce père de famille au niveau de la gare de Réghaïa zone industrielle.
Pour sa part, un jeune adolescent que nous avons pris en flagrant délit de caillassage de train au niveau de la gare de Gué-de-Constantine, justifie son comportement et celui de ses jeunes amis par l'absence de loisirs et d'occupations. «Quand vous n'avez rien à faire de la journée, toute activité est la bienvenue. Alors, lorsque les trains passent, on s'amuse à leur tirer dessus pour rire et faire peur aux adultes», dit-il d'un air hautain.
«On a toujours vécu dans ce bidonville. Personne ne nous regarde. Le chômage, la mal vie sont notre quotidien. Que voulez-vous qu'on fasse ' Hormis voler des câbles électriques pour vendre le cuivre et prendre notre vengeance sur la société qui nous tourne le dos, nous lançons des pierres sur les trains dial doula. Loukane doula passait par là, nous ferions la même chose», dit un groupe de jeunes accostés au niveau de la gare de Aïn Naâdja.
Au niveau de la gare du Caroubier, c'est une autre catégorie de personnes qui s'attaque au passage des trains.
Il s'agit de consommateurs de psychotropes, des amateurs de beuveries et des sans-domicile-fixe. «L'Etat n'a rien fait pour nous, donc la question du caillassage des trains ne mérite pas d'être posée. Demandez-nous d'abord les raisons qui nous poussent à prendre du zambreto, de la colle et dormir à la belle étoile près des rails. Le caillassage des trains c'est une longue histoire qui ne va pas prendre fin de sitôt s'il reste des personnes qui n'ont rien à gagner dans ce pays qui appartient à une seule catégorie : les riches», nous disent ces citoyens, venus de l'intérieur du pays pour se rencontrer et se rassembler loin des regards.