Algérie

Les imams, le mouton et les salles de prière pour femmes



La «Fédération des imams autonomes», dont l'essentiel des Algériens ignoraient l'existence jusque-là, s'est fendue d'une déclaration sur le rituel du sacrifice de l'Aïd. On aura d'abord remarqué que si elle a enrobé sa «fetwa» avec un minimum formel de réalisme sanitaire, ses animateurs n'ont pas oublié qu'ils ne perdent jamais le... nord. Quand il s'agit d'investir l'actualité, c'est sur le terrain idéologique qu'ils comptent se déployer, même s'il faut bien enrober ça avec quelques considérations partagées, le souci majeur étant de brasser aussi large que possible. Bien sûr, il ne s'agit pas de concéder quoi que ce soit sur le fond. A commencer par la création, l'appellation et partant, les «principes généraux» de la structure, qui déterminent ses motivations. C'est donc d'une organisation... autonome qu'il s'agit. A moins de faire semblant de ne pas comprendre ou mieux, ne pas savoir lire, cela suppose que l'activité de cette association se situe en dehors de l'organisation officielle du culte. Et si la Fédération autonome des imams porte aussi un projet syndical, elle tient à se distinguer du... syndicat officielle des imams. Parce que les animateurs de ce dernier n'ont, du moins si on devait les croire, que la défense des intérêts socioprofessionnels des imams. Ce n'est clairement pas le cas de la «fédération» et, l'occasion faisant le larron, trouve dans le contexte de l'Aïd en temps de pandémie une opportune occasion de le faire savoir. Et de quelle manière ! N'ayant évidemment pas digéré l'une des rares victoires, depuis longtemps, de la rationalité sur l'injonction religieuse, ils tiennent en l'occurrence un prétexte royal pour y revenir. Et de prendre carrément les devants, comme si le fait accompli était déjà là. Pour les honorables «fédérés», la réouverture des lieux de prière est déjà acquise, la récréation terminée. Et le sacrifice de l'Aïd n'ayant pas encore fait l'objet d'une décision ferme, il fallait s'en saisir pour faire «deux en un». Pour le mouton, on a pu «bricoler» quelques arguments qui préservent confusément du danger sanitaire mais au final, on a conclu qu'il n'y a pas vraiment de problème à «égorger», en observant toutes les précautions dont on sait pourtant qu'il n'en sera rien. Mais on ne va pas s'en tenir là puisqu'il est maintenant évident que c'est sur le terrain idéologique, plus que pratique et... sanitaire, que se situent les enjeux, ils vont, en islamistes masqués mais convaincus, sur leur sujet qu'ils préfèrent. On égorge le mouton en étant prudent, on rouvre les mosquées en maintenant fermées les... salles de prière pour femmes ! Nous y voilà, enfin.S. L.


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