Algérie

Les imams de la controverse


Leur séjour ainsi que celui de leurs confrères marocains suscite une vive polémique entretenue par plusieurs personnalités politiques et des médias de l'Hexagone.La controverse concernant l'arrivée en France de 300 imams algériens et marocains marque le début du Ramadhan en France. Cette polémique entretenue par une partie de la classe politique et des médias de droite, opposés à la venue d'hommes de culte maghrébins a contraint le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, à réagir, en affirmant hier dans une interview qu'"il faudrait dans l'avenir qu'il y ait des imams français qui parlent français".
C'est pourtant bien lui qui a demandé aux autorités algériennes et marocaines de lui prêter des imams pour renforcer les effectifs dans les mosquées durant le mois de Ramadhan.
Un accord sur le sujet a d'ailleurs été conclu durant son séjour en Algérie en mars dernier. Il a été convenu, à la suite d'une entrevue avec le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, qu'une centaine de fonctionnaires seront sélectionnés. Selon la Mosquée de Paris, ils sont 119 au total.
Avec leurs confrères marocains, les imams algériens devront réciter le Coran durant les prières de tarawih. Ils ont été recrutés en tant que travailleurs détachés et devront quitter le pays à la fin du mois de jeûne. S'exprimant sur la radio RTL, Mohammed Moussaoui, le président de l'Union des mosquées de France, a affirmé que le recours aux imams étrangers n'est pas nouveau et date des années 90. "Les nuits de Ramadhan sont des nuits ou des activités spirituelles importantes sont dispensées, l'affluence des fidèles et beaucoup plus importante. Un imam dans une mosquée ne peut pas assurer la veillée de la nuit et celle du matin. Dans un contexte de manque d'imams formés en France, la France a toujours besoin de cet apport d'imams extérieurs", a expliqué le responsable musulman. Or, si auparavant, la venue d'imams étrangers ne dérangeait personne, cette année, les réactions hostiles se sont multipliées, exacerbées par le climat de violence terroriste et d'islamophobie en France.
Comme Jannette Bougrab, ancienne secrétaire d'Etat à la Jeunesse sous Sarkozy, l'ex-Premier ministre Emmanuel Valls est sorti de ses gonds. Il a demandé au gouvernement d'arrêter d'importer des imams étrangers et de rompre les accords avec leurs pays d'origine. "Je pense qu'il faut, le plus vite possible, y mettre un terme car cela ne correspond pas à l'idée qu'on doit se faire de l'islam des lumières en France. L'islam est une religion française désormais et il faut pour cela qu'elle soit totalement compatible avec ce que nous sommes", avait-il déclaré fin mars. Les leaders de l'extrême droite, à l'instar de Marine Le Pen, présidente du Front national, et de Nicolas Dupont-Aignan de Debout la France, se sont également insurgés, estimant que le gouvernement a agi de façon inacceptable. Dans les médias, des sites proches de l'extrême droite n'ont pas manqué d'exploiter l'affaire pour conforter leur point de vue sur l'islam et les musulmans. De son côté, le quotidien de droite, Le Figaro, a organisé il y a deux jours, un sondage, demandant à ses lecteurs s'ils sont pour ou contre la venue d'imams algériens et marocains. La plupart ont répondu par la négative. En 2016, un rapport du Sénat avait déjà critiqué le recours à des imams étrangers. L'enquête avait répertorié 301 imams étrangers officiant comme détachés dans les mosquées françaises. Ses rédacteurs ont demandé à l'Etat de mettre en place des structures pour la formation de fonctionnaires du culte musulman en France.
S. L.-K.
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