Algérie

Les humeurs du blé



La France a-t-elle vraiment perdu le marché algérien du blé sur un coup de colère d'Alger ' Principale destination du blé français à l'export, l'Algérie a récemment modifié son cahier des charges concernant les dégâts d'insectes, fixant le taux limite de grains punaisés à 1% contre 0,5% dans ses appels d'offres précédents, qui a favorisé une plus grande ouverture de ses importations sur d'autres marchés, le marché russe notamment, faisant dire à certains observateurs qu'il s'agit d'une sanction économique qui découle tout droit de la crise diplomatique entre Paris et Alger. Dans les faits, la France n'est pas sur la liste des derniers fournisseurs de l'Algérie sur les achats au mois de décembre en cours de 700.000 tonnes de blé, échelonnés du 16 janvier au 28 février.Selon le média terre-net, spécialisé en matière agricole, les cargaisons de blé ont été expédiées depuis «l'Allemagne, la mer Baltique, la mer Noire et peut-être aussi l'Argentine », soulignant que c'est surtout la Russie qui trouve son compte en exportant son blé vers l'Algérie. La Russie, premier exportateur de blé, n'a pas cessé ces dernières années de lorgner le marché algérien, dominé par les exportations du blé français, et la situation a fini par basculer en sa faveur. Et, ce n'est pas à la suite du coup de froid dans les relations bilatérales algéro-françaises. D'autres causes ont provoqué de profonds changements sur le marché mondial du blé.
Un marché bien agité ces derniers temps, selon les spécialistes, subissant une forte demande et des bas de production qui peuvent durer jusqu'à la fin de la campagne 2022, et qui ont donné lieu à une hausse de prix difficile à supporter par l'Algérie en tant que gros importateur de blé. Tirés, donc, par la pression de la demande et la baisse de production, les prix ont atteint le 18 novembre dernier les 300 euros/tonne, et ont incité tous les pays importateurs, pas seulement l'Algérie, à chercher des pistes moins coûteuses pour s'approvisionner en blé.
Une affaire purement commerciale qui a évincé la France du marché algérien de blé, contrairement à ce qu'on laisse croire, que cela se rapporte à la crise entre les deux pays '
Peut-être que la France avait par le passé la capacité d'influencer la décision des autorités algériennes pour acheter le blé français quel que soit son prix, mais plus maintenant avec l'actuel gouvernement qui s'est affranchi de toute dépendance, en privilégiant l'intérêt de l'Algérie, en premier et dernier lieu, et non satisfaire d'autres desideratas.
De ce point de vue, l'achat de blé auprès de fournisseurs autres que français ne relève en rien d'un mécontentement algérien contre leurs partenaires français sur ce chapitre.
Il y a également un autre épisode qui peut être derrière cette volonté de changement ou de diversification des fournisseurs de blé, à savoir la scandaleuse affaire de l'été dernier, qui a conduit l'Algérie à bloquer l'entrée sur son territoire de deux cargaisons, dont l'une de 27.000 tonnes de blé français, pour raison de non-conformité aux exigences phytosanitaires (deux animaux morts découverts à l'intérieur de la marchandise). L'Algérie a-t-elle obtenu une compensation financière pour la cargaison qui a été renvoyée en France ' Les relations diplomatiques entre l'Algérie et la France vont revenir au beau fixe, mais pour reconquérir le marché algérien de blé, la concurrence avec d'autres pays exportateurs est inéluctable.


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