Algérie

Les huit ministres Benbouzid Point net



Une rentrée scolaire sans Benbouzid. Ce n'est pas tous les jours qu'une formule qui ne manque ni de finesse ni de même de pertinence, prend tout de même des allures de lieu commun. Et pour cause, tout le monde a l'impression que l'expression est galvaudée, alors que la «trouvaille», comme la «nouvelle» bien évidemment, est encore toute fraîche.
C'est que l'ancien
'ça fait déjà bizarre' ministre de l'Education nationale, d'avoir passé quasiment deux décennies à son poste a généreusement alimenté tout ce et ceux qui, dans le secteur comme dans les espaces les plus larges de la société, pouvaient s'intéresser à l'école. Et comme tout le monde, du moins en apparence, s'intéresse à l'école, ça a vraiment fait beaucoup de... monde pour parler de M. Benbouzid.
Pourtant, si on devait s'en tenir au profil des hommes et au niveau de nuisance occasionné par le passage de tous les ministres qui ont eu à «gérer» l'éducation, peut-être qu'on se rendrait compte que M. Benbouzid n'a pas été le pire. Mais il est resté tellement longtemps à son poste qu'on a fini par oublier que dans... une autre vie, l'Algérie a eu d'autres ministres de l'Education ! Alors on a redoublé de génie pour parler de lui.
Il serait là depuis le GPRA, il serait né ministre, il aurait «consommé» plusieurs chefs de gouvernement et survécu à tous les présidents. Le plus inspiré parmi ces génies a répandu sur la toile les noms et les portraits de tous (sept à l'époque, huit aujourd'hui) les ministres français de l'Education qui ont défilé depuis dix-neuf ans. Pour le contraste, on a publié à côté les photos de M. Benbouzid dans ses mandats successifs et ses photos à... des âges différents où on voit qu'il a bien changé depuis sa première nomination ! Mais s'il n'a pas été le pire des ministres, il aura certainement été celui qui a laissé la pire des images.
En l'occurrence, il n'aura pas seulement été emblématique du déclin, puis de la descente aux enfers d'une école dont on a épuisé tous les qualificatifs qui peuvent rendre au «mieux» son incurie. Il aura aussi incarné une forme de pouvoir. Dans sa dimension sociologique, elle consiste à pousser la faute jusqu'au bout pour prouver... qu'on a raison. Plus l'opinion accablait M. Benbouzid, plus on disait qu'il ne partira donc jamais ! Dans sa dimension politique ensuite : les bilans de gestion étant rarement déterminants dans la nomination ou la reconduction des hommes aux hautes fonctions de l'Etat, l'ancien ministre de l'Education comme d'autres ne se sont jamais sentis obligés de rendre des comptes.
En admettant bien sûr que l'état de l'école algérienne serait de la seule responsabilité de son... premier responsable ! Car, s'il est toujours difficile et embarrassant de trouver des circonstances atténuantes à un ministre dont le moins qu'on puisse dire est que son bilan n'est pas un exemple de réussite, il est tout aussi difficile et embarrassant d'occulter tout ce qui, à un niveau plus haut ou plus bas, a «contribué» aux résultats que l'on sait.
Des réformes annoncées et jamais abouties, des budgets pas toujours à la hauteur des besoins, des programmes d'un autre siècle, de l'injonction religieuse, de la contestation socio-syndicale pas toujours lisible, M. Benbouzid n'est certainement pas comptable de tout. Personne n'osera dire qu'il aurait pu... démissionner, la blague serait trop grossière. Mais en la matière, l'ancien ministre de l'Education a inspiré plus drôle que ça. Y compris dans son départ et 'déjà' dans la rumeur qui circule sur sa nomination «imminente» comme ambassadeur !
laouarisliman@gmail.com
Slimane


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