Algérie

«Les hommes ne doivent jamais faire la guerre !» Spectacles italiens au Festival international du théâtre de Béjaïa



«Les hommes ne doivent jamais faire la guerre !»                                    Spectacles italiens au Festival international du théâtre de Béjaïa
Carmela Colannino et Federica Fiorillo sont venues d'Italie avec les idées plein la tête.
Béjaïa
De notre envoyé spécial
Ces deux femmes de théâtre et de danse ont rencontré à Béjaïa des jeunes artistes, ont assuré des master class et ont abouti à un spectacle : Italiane, concert à deux voix. Spectacle monté en deux jours et présenté, vendredi soir, au Théâtre régional de Béjaïa (TRB), à l'occasion de la 4e édition du Festival international du théâtre. Une performance mélangeant tout ce qui se fait en matière d'art de scène actuel : danse, jeu théâtral, expression corporelle, conte, vidéo, chants, effets sonores et paroles. Une succession de tableaux servie par des lumières élaborées pour dire cette volonté de rapprochement entre peuples ayant la Méditerranée en partage. Carmela Colannino et Federica ont voulu aussi rendre hommage à la femme italienne. «Merveilleuse comme toutes les femmes du monde», lance une comédienne lisant un parchemin. «Nous avons voulu rendre hommage à des femmes italiennes illustres, qui sont entrées dans l'histoire», a précisé, après le spectacle, Carmella Colannino.
Ont été donc évoquées, entre autres, la militante communiste Nilde Iotti, première femme à présider la Chambre des députés en Italie (entre 1979 et 1992), Carla Fracci, une étoile de la danse classique à la prestigieuse Scala de Milan, l'actrice Sophia Loren, Grazia Deledda, première femme de lettres italienne à avoir obtenu le prix Nobel de la littérature en 1926... Des paroles sont lâchées de temps à autre : «le poète ne meurt jamais !», «Chaque homme à ses doutes», «Je suis une abeille petite et peureuse», «les couleurs s'intensifient la nuit»... Des paroles censées exprimer, par bribes, le souci artistique des deux dramaturges. Le spectacle se termine comme dans une fête publique par une danse traditionnelle du sud italien, la Taranta. Une danse qui ressemble à la Tarantelle napolitaine. Le sud italien n'est-il pas l'un des points géographiques européens les plus proches des côtes maghrébines '
«Nous avons préparé le spectacle avec la collaboration des élèves. Nous avons été fascinés par leur capacité d'imagination. Une capacité assez rare actuellement chez les jeunes Italiens. Nous ne trouvons ce genre d'imagination que chez les enfants. Les jeunes Italiens sont, eux, préoccupés par les jeux sur les portables !», s'est plaint Federica Fiorillo. Autre spectacle italien présenté vendredi soir, Jour 177. Un monodrame interprété par Marcello Serafino et dirigé par Lucia Falco, du Teatro In Rivolta (TIR). Il restitue la terrible histoire de Johann Georg Elser, l'ébéniste allemand, emprisonné dans le sinistre camp de Dachau, là où des milliers de juifs avaient été emprisonnés et tués par le régime nazi d'Adolf Hitler. Johann Georg Elser avait tenté d'assassiner le Führer en déposant une bombe dans la brasserie Burgerbraû à Munich. La bombe devait exploser à 21h20 le 8 novembre 1939, à Munich.
Ce soir-là, Adolf Hilter, accompagné notamment de Hans Frank et de Joseph Goebbels, avait quitté les lieux sept minutes avant (treize minutes selon une autre version) pour rejoindre Berlin. La bombe devait exploser à l'heure prévue pour tuer des responsables de niveau inférieur du parti nazi. Durant sa détention à Dachau, Johann Elser, qui avait été présenté par la propagande nazie comme «un agent des britanniques», avait subi toutes sortes de tortures et d'humiliations. Tout cela a été montré artistiquement et physiquement par le comédien Marcello Serafino. Un jeu basé sur l'expression corporelle, poussée jusqu'au bout de la géométrie et de l'esthétique, la musique dramatique et la lumière théâtrale dans sa forme la plus élaborée.
Les paroles sont minimalistes : le prisonnier raconte ses journées douloureuses dans les baraquements de Dachau (premier camp ouvert par les Allemands en 1933). Des journées faites de solitude, de pressions morales, de violence et de rêves d'évasion. «Jour 44, jour 84, jour 134...». Le détenu compte les jours... Gel, choc électrique, torture à l'eau... Le prisonnier continue de compter les jours... Les prisonniers de Dachau avaient été soumis à des expériences médicales inhumaines (L'histoire a retenu que presque
30 000 personnes avaient trouvé la mort dans ce camp pour plusieurs raisons). Pêches miraculeuses est un troisième spectacle présenté par les Italiens, vendredi soir. Un monologue joué par Luca Radaelli, également metteur en scène et écrivain, pour dénoncer la guerre.
C'est le conte d'un enfant qui voit, pendant la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945), des bombes tomber dans un lac. Les poissons meurent. Lui et ses voisins, pris par la faim, vont prendre ces poissons, tués par la guerre, pour les manger. Les enfants vont, plus tard, voler les explosifs des résistants italiens pour les lancer dans le lac et avoir des poissons pour se nourrir. Manière de dénoncer la guerre, le mauvais jeu des adultes. Le conte est simple, bien mis en valeur par les effets musicaux et lumineux. Luca Radaelli a abouti à la fin du spectacle à cela : «les hommes ne doivent jamais faire la guerre !»...Petite voix dans les fureurs du monde. La paix est-elle quelque chose de trop sérieux pour la confier aux hommes ' Nous n'avons pas de réponse.


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