Algérie

Les "hommes" de Bouteflika



Les
A quelques variables près, leurs parcours se ressemblent. Ils sont trois anciens chefs de gouvernement. D'abord Ahmed Benbitour. En décembre 1999 et alors qu'il était «invisible» au Sénat depuis une année, le Président Bouteflika le charge de diriger l'équipe gouvernementale. Son séjour au Palais du gouvernement fut bref. Huit mois après, en août 2000, il démissionne. La raison avancée est une divergence de vues sur l'orientation économique à donner au pays. Benbitour vantait beaucoup l'intérêt des «capitaux marchands». En plus simple, la financiarisation de l'économie. On saura plus tard pourquoi le Président Bouteflika était contre cette vision. Plus exactement en 2006, lorsqu'il décida le remboursement de la dette publique du pays pour sortir des griffes des créanciers étrangers et plus précisément de celle de la finance internationale. Le président avait vu juste. Il suffit pour s'en convaincre de voir comment l'Europe est actuellement «étranglée» par les marchés financiers. Il est probable que Ahmed Benbitour croyait détenir la vérité dans ce domaine, lui qui avait été, durant une année, ministre délégué au Trésor au début des années 1990, puis ministre des Finances de 1996 à 1998. Si tel est le cas, il a très bien fait de partir. Les intérêts de l'Algérie et des Algériens ont pu, ainsi être préservés. Voilà donc 13 ans qu'il est au «chômage». C'est long. Même très long. Insupportable. Alors quand il entend que le président pourrait se représenter pour un quatrième mandat, son sang ne fait qu'un tour. Il se lance alors dans une farouche opposition contre cette «candidature» que le «candidat» n'a pas annoncée. Il ne s'en rend pas compte dans l'état où il est. Il va dans tous les sens et jusqu'à croire incarner la volonté populaire. Pas d'élections qui tiennent. C'est lui qui décide qui sera candidat et qui ne le sera pas. 13 ans d'inactivité, il y a de quoi faire sauter beaucoup de fusibles. Après sa démission, le Président Bouteflika nomme Ali Benflis à sa place. Même CV de départ. 11 années après son dernier poste de ministre de la Justice, il venait juste de retrouver un semblant d'activité dans son nouveau siège de député à l'APN lorsque le Président Bouteflika lui confie, en 1998, la direction de sa campagne électorale. Propulsé sur le devant de l'actualité, il est désigné, toujours par Bouteflika, après l'élection, directeur de cabinet à la présidence de la République. Il quitte ce poste pour remplacer Ahmed Benbitour à la tête du gouvernement. Il y reste près de trois années. En 2003, il se voit confier le secrétariat général du parti FLN. Et là, il se prend la tête. Il présente sa candidature à l'élection présidentielle de 2004 avec pour «thème» une opposition extrême au Président Bouteflika, lui-même candidat. Même aveuglement que Benbitour sur la légitimité populaire et le verdict des électeurs. Au dépouillement, le candidat Ali Benflis est crédité de... 6,42% des voix. Depuis, on ne l'entend plus. Cela fait, pour lui aussi, 9 ans de «chômage». C'est difficile à vivre. A tel point qu'un site Web est créé par «un groupe de jeunes citoyens» en faveur de sa candidature en 2014. Le dernier cas est celui de Abdelaziz Belkhadem. Lui aussi a fait une longue traversée du désert de près de dix années avant d'être repêché par le Président Bouteflika qui le nomme ministre d'Etat avec le portefeuille des affaires étrangères. Secrétaire général du FLN en 2005, il est nommé chef du gouvernement de 2006 à 2008, par le président. Le comité central du FLN le destitue en février de cette année. Il ne s'est pas lancé dans l'opposition, mais en donne des signes. Il conditionne sa candidature en 2014 à l'absence de celle du président. Difficile d'être, dans ce cas, pour un 4e mandat. Voilà trois personnalités qui doivent au même homme leur remontée à la surface. Et pourtant, on ne peut pas dire qu'ils le lui rendent bien. L'opinion publique jugera!


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