Algérie

Les Hafcides et L’Espagne, une histoire pathétique



Décadence de la principauté de Bougie 3ème partie L’histoire émouvante de l’émir Abdellah. Après la victoire des troupes espagnoles, le prince Abdellah démuni, désemparé, affaibli par les longues années de détention, va à la rencontre de Pierre De Navarro. Ce prince que les hommes et l’histoire se sont acharnés à tourmenter, narre son destin au comte, lui décrit d’une façon tout à fait exacte les origines de la discorde qui sépare les deux parents. Abdelaziz, son oncle, ressent pour son neveu, une haine jalouse et féroce au point où il lui passe une épée chauffée à blanc sur les yeux et l’aveugle. Examiné par les médecins espagnols, ceux-ci relèvent que seule la chair des paupières que «l’ardeur du feu avait collées (6)», l’empêchent de voir. Après une intervention des médecins, le prince recouvre la vue. Nous interrogeons les archives et c’est ainsi que nous découvrons l’écrit de Marmol qui relate l’événement de la façon suivante: «Un roi maure, neveu de celui qui avait abandonné Bougie, s’y vient rendre paisiblement...Il portait un étendard blanc pour sa sécurité et fut fort bien reçu par le comte qui, ayant été informé et sachant qu’on ne lui avait pas crevé les yeux, le mit aux mains des chirurgiens de la flotte qui lui coupèrent les chairs des paupières...de sorte qu’il recouvra la vue aussitôt (6)» Abdellah et son allégeance au souverain d’Espagne. Les Bougiotes, terrifiés, se défendent héroïquement pendant plus de vingt et un jours puis succombent, hantés par le spectre de la famine et des épidémies. Leurs chefs font également acte de soumission. Le comte Pierre De Navarro «exploita la présence de ce prince hafcide pour le déclarer souverain légitime de Bougie afin de réfuter toute prétention à ce titre de la part de ses adversaires» (8). Aussi faut-il cerner l’importance du rôle de Moulay Abdellah dans l’implantation des Espagnols à Bougie : il signale au comte une expédition contre cette même ville et participe personnellement à l’attaque menée par le commandant Pierre De Navarro et qui se solde, pour lui, par un grand succès. C’est sa manière de démontrer la sincérité de son ralliement et sa soumission au souverain d’Espagne. De surcroît, il use de toute son influence auprès de la population, pour mieux asseoir l’autorité espagnole. Cependant, craignant sans doute que l’émir Abdellah prenne trop de force et devienne son rival, craignant certainement la trahison, le comte met en doute la fidélité du prince et celle de la population. Aussi s’adresse-t-il à son roi pour lui demander des directives. La lettre datée du mois de mai 1510 lui recommande: «de signer un traité avec l’émir sans lui octroyer le titre de roi de Bougie, mais celui d’autres lieux à qui on accordera protection. De l’astreindre au paiement d’un tribut pour marquer son état de vassalité. De vider entièrement la ville comme toutes les villes côtières conquises ou à conquérir(7)...» Abou Bakr, ennemi juré des espagnols Abou Bakr, sultan de Kessentina, mène la guerre sur deux fronts, contre les Espagnols et contre Abdelaziz qu’une crise de plus en plus aiguë sépare. C’est par une attaque fulgurante et foudroyante qu’il supprime son frère: c’était un jour de juillet 1510. C’est alors son fils Abderrahmen qui prend la relève; harcelé militairement par son oncle Abou Bakr, celui-ci le confine dans les terres de l’intérieur. Dépassé par les événements, Abderrahmen tente de sortir de cette crise sans précédent dans laquelle s’enfonce son autorité. Il fait savoir aux Espagnols qu’il est prêt à négocier avec eux, les deux camps parviennent à trouver un terrain d’entente. Secrètement, son intention de faire alliance avec eux est, d’une part, d’évincer Moulay Abdellah et d’autre part, il veut obtenir une aide substantielle qui lui permet de combattre son ennemi et l’ennemi de son père et des Espagnols :le sultan Abou Bakr. Le texte suivant nous permet de suivre pas à pas l’évolution de la stratégie de Moulay Abderrahmen: «sans assises solides, sans appui véritable, Abderrahmen nourrissait le projet de faire alliance avec les Espagnols dans le but, non seulement de supplanter Moulay Abdellah mais aussi d’obtenir des moyens pour poursuivre la lutte contre son oncle Abou Bakr.(8)» Bibliographie 6- Marmol, traduction d’Ablancourt 1667, Revue Africaine n°12, année 1868, p 340 7- Mouloud Gaïd, «Histoire de Béjaia et de sa région depuis l’antiquité jusqu’à 1954", SNED; p.118. 8- idem p.121.   A suivre... Mahmoudi Meriem




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