Décadence de la principauté de Bougie 2ème partie En 1494, Moulay Abou Mohamed Ben Hassen succède à son cousin Moulay Yahia Ben Zakaria. Son règne est de courte durée car ce nouveau monarque manque de fermeté et possède un goût prononcé pour les plaisirs ; aussi abdique-t-il et cède son Etat à ses favoris et à ses fils. Il abandonne la province de Kessentina à son fils Abou Bakr et la principauté de Bougie à son autre fils, Abou El Abas Abdelaziz. Certains textes nous apprennent que Abdelaziz est fourbe, de nature sanguinaire et qu’il ne recule devant rien pour assouvir sa passion de dominer. Abou Bakr est aussi terrible que son frère, qu’il peut recourir au fratricide pour conquérir Bougie et réduire à sa merci sa population. Entre les deux frères, s’engagent des guerres sanglantes et dévastatrices dans lesquelles périssent les plus vaillants des guerriers. Laissons la parole à l’auteur de cette note qui rapporte que «les deux frères, Abdelaziz et Abou Bakr se livrèrent pendant longtemps une guerre impitoyable. Deux ans, 1503 et 1504, durant lesquels, presque sans relâche, les troupes d’Abou Bakr vinrent assiéger Bougie et ravager sa banlieue (4).» Lorsque les Espagnols débarquent à Bougie, celle-ci est essoufflée, vidée de toute son énergie. Lutte entre Abdel Aziz et l’émir Abdellah L’émir Abdellah, héritier légitime du trône, est écarté par l’usurpateur, son oncle Abou El Abass Abdelaziz. La lutte, dès lors, devient plus âpre. Abdelaziz ne cache plus son intention d’éliminer ses rivaux en les gardant de nombreuses années en prison et même ceux qui éveillent sa méfiance. Son entourage redoute sa colère terrible et sa cruauté impulsive. En effet, pour ne pas être handicapé dans l’exercice de son pouvoir, il évince ignominieusement ses cousins et ôte la vue à son neveu l’émir Abdellah, avant de les jeter en prison (1492-93). En 1509, Abdelaziz vole au secours du royaume de Tlemcen qui connaît lui aussi une période de décadence, menacé puis envahi par les troupes espagnoles. Ce monarque ne se doute pas un seul instant que la défaite du sultan de Tlemcen augure la sienne. L’entrée de l’Espagne à Bougie L’Espagne, qui est l’une des plus grandes puissances coloniales, a désormais une vaste ambition, celle de conquérir un pays où ses hommes ont pris pied. Après Mers El-Kébir en 1505, Oran en 1509 et Tlemcen, les troupes espagnoles s’enhardissent et poussent plus loin leurs périples qui, dès lors, se multiplient. Ils abordent le littoral algérois et prennent d’assaut le penon d’Alger. C’est vers la mi-novembre qu’est décidée l’expédition de Bougie. Un matin du 5 janvier 1510, au lever du soleil, les Bougiotes sont réveillés par le grondement des canons, tandis que quinze navires espagnols déversent, sur la côte, 14.000 hommes armés, sous le commandement du Comte Pierre De Navarro. Ce jour-là, la marine bombarde la ville. Quel jour funeste que ce jour pour les deux peuples! Leur rencontre est fracassante: alors que les gens, sous l’emprise de la panique, essayent de fuir, L’Espagne porte le coup fatal à la ville. «Quand la nouvelle de l’échec se répandit et qu’on entendit partout les lamentations et les cris de douleur poussés par les familles de victimes, une panique s’empara de la population...tous accoururent aux portes de la ville...mais poursuivis par l’ennemi, 4500 victimes tombèrent(5)» écrit Mouloud Gaïd. Dans la débâcle, les prisonniers réussissent à s’évader conduisant l’émir Abdellah en lieu sûr. Bibliographie: 4-Mouloud Gaïd ; Histoire de Bejaia et de sa région, depuis l’antiquité jusqu’à 1954 (SNED) 5-idem p 117 Â A suivre... Mahmoudi Meriem
Posté Le : 21/01/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com