Algérie

Les habitués des plages de Bab el Oued : « La misère ne nous empêche pas de nous amuser »



C'est à peine si les familles trouvent où mettre pied, car des vendeurs, qui ont pris place dans les anciens locaux occupés, en partie, par les pêcheurs, leur « disputent » les deux plages. Les gens se pressent, nombreux, sur les deux plages d'El Kettani et de R'mila, situées en contrebas du boulevard Mira à Bab el Oued. L'espace a été sommairement aménagé : c'est à peine si les familles trouvent où mettre pied, car des vendeurs, qui ont pris place dans les anciens locaux occupés, en partie, par les pêcheurs, leur « disputent » les deux plages. N'empêche que les familles s'y bousculent et s'y plaisent. « On préfère venir ici, c'est plus calme, mais surtout c'est tout près de chez moi. On y vient pratiquement de partout, du quartier voisin de Oued Koriche et même de Saint-Eugène (actuelle commune de Bologhine), car les plages sont ouvertes à la baignade. R'mila n'a jamais, autant qu'aujourd'hui, mérité son nom. On a l'impression, en voyant tout ce monde joyeux agglutiné presque l'un sur l'autre, qu'elle s'est rétrécie cette année encore plus », soutient Salem, un quinquagénaire au visage halé, habitué des lieux et oulid el houma (enfant du cru, de Bab el Oued).Son occupation habituelle : proposer des babioles, mais surtout des cacahuètes à des familles qui se les arrachent presque, se réjouit-il, sourire au coin. L'avantage de cette plage, comme le soutiennent de nombreux habitués, c'est que les jeunes squatters sont « matés » : « Les jeunes, même s'ils voudraient obliger les gens à louer leurs parasols, ils ne pourront pas le faire. Car en plus des policiers, les gens de Bab el Oued ne badinent pas avec les principes, les familles n'accepteront pas d'être importunées », affirme Kamel, enseignant à Aïn Taya, mais originaire du quartier de Bab el Oued, dont il assure être fier. « Les choses ont changé ces dernières années, les deux minuscules plages de Bab el Oued, interdites autrefois, sont carrément occupées par des familles sevrées de ce genre de loisir. Les choses doivent évoluer. Mais, les autorités locales et même les associations doivent, par exemple, s'occuper plus de l'hygiène sur les plages et les accès alentour. J'ai de l'espoir », souligne-t-il, en montrant la fontaine de l'espérance inaugurée en grande pompe par le wali d'Alger accompagné, à l'occasion, par le maire de Marseille. Des postes de police et de la Protection civile, dont les baraques sont de plain-pied dans cet espace réduit. Des policiers veillent sur la plage et les passages pour surveiller un quelconque dysfonctionnement, alors que les autorités communales, auxquelles est confiée la gestion des plages, ont décidé de fermer les sanitaires et les douches à El Kettani, car des familles s'y bousculent allégrement sans « y être gênées », précise-t-on. La piscine d'El Kettani, excroissance de l'ex-plage Padovani, est aussi prise d'assaut, l'accès y est à 30 DA, ce qui fait, soutient-t-on sur place, l'affaire des familles nombreuses et des petites bourses. Cet espace aménagé, en contrebas de l'esplanade du Millénaire, est unique dans cette partie du quartier de Bab el Oued, d'où son grand intérêt.


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