Algérie

Les habitants livrés au froid glacial de l'hiver



Pour se chauffer, les habitants de ces régions forestières recourent à la bonbonne du gaz butane qu'ils paient à 300 DA, soit 100 DA de plus que son tarif officiel.Sur les hauteurs montagneuses du massif forestier de Collo, l'hiver est rude. Pour faire face à la baisse des températures, les populations locales n'ont qu'à s'adapter à ces rudes conditions climatiques ou subir les caprices d'une saison impitoyable. "On s'adapte, on n'a rien, mais on s'accroche à notre mode de vie", lance, fataliste, Mohamed, la soixantaine largement entamée.
Ce natif de Khnak Mayoune, une commune côtière dont le chef-lieu surplombe la mer dans toute sa splendeur, nous accueille avec son sourire avant même qu'on l'aborde pour une discussion à bâtons rompus sur les conditions de vie dans ce petit village. "Il n'y a rien ici, je vous le dis, à défaut d'une vie normale, nous affrontons difficilement ces conditions", dit-il.
Dans une région s'étendant de la côte ouest de la ville de Collo jusqu'au village d'Oued Z'hor, à la lisière des frontières administratives avec la wilaya de Jijel, en passant par Bouneghra, le chef-lieu de la daïra d'Oueld Atia, principale agglomération d'une zone à la densité forestière luxuriante, le paysage est d'une beauté à couper le souffle. Tout au long des quatre saisons de l'année, ces splendides sites attirent de nombreux randonneurs.
Dans leur virée au sommet de ces montagnes, ces amoureux de la nature ne se lassent pas d'emprunter les routes en parfait état dans ces monts forestiers pour admirer une région à forte densité forestière... et pluviométrique. En cette fin du mois de décembre, le temps est pluvieux et la température atteint 5°C, voire moins.
Un vent glacial souffle par moments sur ces montagnes et balaie par sa violence la tranquillité des multiples petits villages éparpillées çà et là dans une zone que des soldats de l'ANP surveillent par leur présence. Depuis la ville de Collo, en allant vers l'ouest, de beaux paysages s'offrent au regard des visiteurs. La circulation est réduite à quelques véhicules et le déplacement des gens se fait rare en ce week-end hivernal.
Le défi le plus important pour les habitants de ces contrées reste la lutte contre le froid dans une zone forestière riche en bois. "Mais non, le bois nous est interdit, il est strictement interdit de toucher à la forêt", se désolent des villageois.
Pour se chauffer, les habitants de ces régions forestières n'ont qu'à recourir à la bonbonne de gaz butane qu'ils paient à 300 DA, soit 100 DA de plus que son tarif officiel. Tout comme le bois, le mazout est interdit de transport et il est vendu à 40 DA le litre. Pour éviter toute atteinte à l'intégrité de la forêt, les villageois ramassent les résidus de bois abandonnés dans la forêt, car ils craignent des poursuites. "Ce n'est plus comme avant.
Le bois se fait rare. Même dans ces régions isolées, on peine à l'utiliser pour se chauffer", soutient pour sa part un jeune rencontré à Tabellout, non loin du cap Bougaroune. Sans aller jusqu'à couper le bois de la forêt de peur d'être pris en flagrant délit par les agents forestiers ou la gendarmerie, les habitants ramassent des résidus de ce qui reste des incendies pour se chauffer.
Sur la route sinueuse menant à cap Bougaroune, le point le plus septentrionale des côtes algériennes, des amas de bois ramassés de la forêt attendent d'être transportés. Aucune âme ne traverse les lieux, l'endroit est désert, pendant que le vent continue de souffler violemment sur ces contrées abandonnées.
Des jeunes de la région se sont même plaints que les richesses forestières de cette région ne leur profitent pas et vont à d'autres lors de la récolte du liège. "Des entreprises viennent pour cette récolte et s'en vont sans recourir à la main-d'?uvre locale", fulminent des jeunes à Khnak Mayoune. Bouaziz Saïd, P/APC de cette commune, reconnaît les difficultés soulevées et soutient qu'"il y a tout de même de nombreuses activités qui permettent aux habitants de gagner leur vie, ils travaillent dans l'apiculture et l'élevage, ils se débrouillent tant bien que mal". Pour le gaz butane, il reconnaît les difficultés d'approvisionnement et souligne que des camions privés veillent à sa distribution.
Il affirme cependant qu'un projet de gaz naturel est à l'ordre du jour pour alimenter la région à partir de la commune d'Ouldja Boulbellout via le village d'Oued Z'hor avant que le réseau n'aille alimenter les populations de Ouled Atia. "Les études sont achevées, on attend l'opportunité d'une visite du wali pour lancer les travaux", affirme-t-il.

Amor Z.


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