Algérie

Les gueux et leur mentor



L?heure de nos rues se fait mendiante tant le fléau de la mendicité gagne chaque jour que Dieu fait les espaces de la capitale. Des grappes de mendigots flanqués de leur marmaille squattent des pans d?arcades, des culs-de-sac, passerelles et autres passages piétons tendant la sébile depuis les premières lueurs du jour. Entre le sentiment d?apitoiement qu?elle inspire chez les passants et la gêne qu?elle cause le long de certaines artères, cette frange de gueux investit les espaces publics. Elle reste anonyme dès lors qu?elle jouit de l?avantage de fondre dans la foule citadine qui vaque à ses « préoccupations ». Certains de ces mouisards traînent leurs guêtres en nous donnant l?image du dénuement total dans lequel ils vivent. On les voit se disputer des pans de trottoir, pour se frotter, dans cet hiver glacial, aux grilles du fournil desquelles s?échappe quelque chaleur. D?autres, en revanche, sont devenus, avec le temps, des mendiants attitrés en usant à loisir d?une batterie de subterfuges pour amadouer les c?urs sur leur condition qui prête à la détresse. La plupart d?entre eux viennent de l?intérieur du pays s?essayer à cette activité dont ils font un « métier ». Et si vous les conduisez dans un centre où ils pourront trouver le gîte et le couvert, ils déclinent l?offre. Une pension qu?ils considèrent moins attractive que la rue anonyme dans laquelle ils trouvent leur compte. Il n?ont que faire de l?esprit de solidarité manifesté à leur égard. Ceux-là mêmes qui s?ingénient, sans vergogne, à remplir leur besace inassouvie... Entourés de leur progéniture, ces supposés mendiants dégingandés et loqueteux prennent « possession » des endroits bien ciblés tôt le matin, devant des magasins qui essaiment les artères commerçantes de la capitale, jouant sur le registre de l?apparence mesquine et autres ruses. Tout simplement pour soutirer le sou à ceux qu?ils pensent être en goguette. Une fois la gibecière bien remplie en monnaie sonnante et trébuchante, ils échangent leurs pièces contre des billets chez le commerçant du coin. Habitués à voir ce type de triste « marché » de dupes au quotidien, des gens affirment qu?« en fin d?après-midi, leur mentor vient dans une carrosse les récupérer pour les conduire loin dans la banlieue d?Alger, Gué de Constantine, El Hamiz ou Oued Smar avant d?y retourner le jour suivant pour quémander de nouveau l?obole ». Un pactole qu?ils ramassent à l?insu des bonnes gens. De ceux qu?ils considèrent comme des caves.


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