Algérie

Les guerres annoncées du pétrole



Quand l'AIE (Agence internationale de l'énergie) publie unrapport, il faut le lire. A plus forte raison quand il dresse des perspectivesénergétiques mondiales sombres pour 2030: les besoins augmenteront de 55% dansles 25 ans, de 1,8% par an, et le pétrole et le gaz constituent 84% de cettehausse, très loin devant le nucléaire et les autres énergies renouvelables. Lesémissions de dioxyde de carbone augmenteront également dans des proportionsredoutables (+ 57%).Cette évolution entraînera une dépendance accentuée despays consommateurs aux hydrocarbures du Moyen-Orient et de Russie. Principauxresponsables de cette croissance de la demande, la Chine et l'Inde.Le World Energy Outlook 2007 ne reprend pas à son compteles appréhensions formulées par de nombreux experts sur la raréfaction desénergies fossiles, tout juste exprime-t-il des inquiétudes quant à la haussecontinue des prix de ces matières premières. La logique de cette remarquable étudeest imparable: les Indiens et les Chinois ont le droit de prétendre à demeilleures conditions de vie (entendre par là des conditions s'approchant decelles des Occidentaux), mais ils devront oeuvrer de concert avec les paysconsommateurs et s'abstenir de rechercher dans de nouvelles formules ou denouvelles régions d'exploration la solution à leurs besoins énergétiquesfuturs.Car à la hausse de la demande mondiale ne peut répondre,selon les auteurs inspirés du rapport, qu'un Moyen-Orient présenté commeinstable par nature. Pour l'AIE, la croissance soutenue de la demande est «unemenace réelle et de plus en plus grave pour la sécurité énergétique de laplanète». Elle n'exclut pas, avant 2015, «une crise du côté de l'offre, quis'accompagnerait d'une envolée des cours pétroliers», et tire le signald'alarme: «Il sera extrêmement difficile d'assurer des approvisionnements fiablesà des prix abordables».Le confort des sociétés occidentales serait donc menacé carl'offre pétrolière sera concentrée dans les pays « instables » du Moyen-Orient.A partir de là, le message prend une autre tournure: le salut des paysconsommateurs, Chine et Inde incluses, dépend d'un marché pétrolier efficace.La seule manière d'assurer une efficacité du marché - c'est l'esprit même del'AIE - est que le pétrole soit géré par des « bonnes mains », celles desgrandes compagnies occidentales évidemment. Les pressions vers la dérégulationet les attaques contre le « nationalisme » pétrolier ne s'expliquent pasautrement. Les perspectives sont donc noires: le coupable pré-désigné, lesprochaines guerres du pétrole, au Moyen-Orient, sont ainsi pré-annoncées etjustifiées.Il est frappant de constater qu'à partir des chiffreslivrés par l'AIE, on n'évoque pas, ne serait-ce qu'à titre d'hypothèse, unchangement du modèle économique actuel. Le modèle de consommation occidentalest considéré comme sacré. Ce n'est donc pas faire une insulte à l'AIE que deconstater que son analyse se fonde sur un malthusianisme totalement décomplexéet dont la mise en pratique relève d'un interventionnisme sans fard.Comme l'AIE c'est du sérieux, les pessimistes serontconfortés par son rapport: l'avenir du capitalisme mondialisé, c'est la guerreet la misère du plus grand nombre.
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