Algérie

Les grévistes de la faim persistent et signent



Les professeurs affiliés au Conseil national des enseignants contractuels sont à leur septième jour de grève de la faim, et leur état physique commence à inquiéter. Essoufflement, baisse de tension artérielle, hypoglycémie. Malgré tout cela, ils tiennent le coup et continuent leur combat. On apprend, par leur bureau national, qu’il y a quatre cas d’urgence dont une enseignante qui perd connaissance de temps à autre. Jusqu’à aujourd’hui, ce sont  25 professeurs venus de plusieurs wilayas pour exprimer leur ras-le-bol face à l’arbitraire. Cette démarche intervient après l’épuisement de toutes les voies de recours. Ni les rassemblements, ni les débrayages, ni les lettres ouvertes, encore moins l’intervention de certains députés n’ont contribué au règlement du problème auquel sont confrontés les enseignants contractuels. Ils sont près de 40 000 professeurs à travailler dans le secteur de l’Éducation nationale qui risquent de se retrouver au chômage. Certains parmi eux ont près de dix ans, voire 14 ans d’expérience. 1 400 enseignants contractuels à Béjaïa n’ont pas eu droit à une rémunération depuis trois ans, et à Adrar ils sont 235 à recevoir leur paie une fois par an. Alors que les titulaires ont déserté leur noble métier, ces ingénieurs et licenciés fraîchement diplômés étaient les premiers à accepter des postes vacants de l’éducation nationale dans les régions les plus reculées durant les années de terrorisme, maintenant ils sont considérés comme les “parias” de l’éducation nationale. Essoufflée, Mme Ouzlane, représentante du syndicat, a tenu à faire savoir que rien ne leur fera changer d’avis tant que le ministre ne fait aucune concession. “Nous continuerons notre grève illimitée et nous le tenons pour responsable de notre état physique, si Benbouzid continue à ignorer nos problèmes”, a-t-elle déclaré.
Bien entendu, cela n’a pas échappé à Boubekeur Benbouzid, ministre de l’Éducation nationale, qui a reconnu, la semaine dernière lors de sa rencontre avec les directeurs de l’éducation nationale, que  son département les a “utilisés” durant les années de braise. “Je suis de tout cœur avec ces enseignants, considérés comme des moudjahidine, qui ont accompli leur travail durant les pires années de l’Algérie, mais je ne peux pas faire du social dans un secteur aussi sensible que celui de l’éducation nationale”, a-t-il déclaré. Pour cette catégorie d’enseignants, le ministre lui propose de passer l’examen du 29 juillet au même titre que tous les autres diplômés. Une suggestion que les enseignants contractuels réfutent d’emblée car, selon les grévistes, ce concours ne concerne que les professeurs de l’enseignement moyen, alors que la plus grande majorité parmi eux sont issus du secondaire. Un recrutement qui éliminera de facto certains enseignants qui ont le diplôme d’ingénieur, la licence en droit ou encore celle de sociologie, comme c’est le cas d’une enseignante gréviste qui a cinq ans d’expérience. Sachant que ce concours est exclusivement ouvert aux diplômés d’enseignement ou encore aux licenciés en langues. “Nous avons l’impression que le ministre de l’Éducation n’est pas réellement au courant du contenu et de la gestion du dossier des vacataires car certains postes ont été ouverts sans poste budgétaire puisque cela fait des années que certains enseignants n’ont pas perçu leur salaire”, a précisé Mme Ouzlane. Il faut savoir que cette grève de la faim a été soutenue par plusieurs syndicats et associations de tout horizon, notamment par le secrétariat international de la Confédération nationale des travailleurs de l’éducation française. “Nous saluons la détermination et le courage des enseignants contractuels qui ont répondu favorables à l’appel de la grève de la faim. Nous soutenons également leur lutte contre la précarité et leur revendication, notamment leur réintégration dans leur fonction, leur régularisation après un an d’exercice ainsi qu’un statut leur garantissant la stabilité et une protection contre tous les abus. Nous comprenons le refus de la précarité et nous mesurons la gravité de l’action entreprise”, peut-on lire dans leur communiqué.


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